Structure financière, l’environnement économique et la qualité de la main-d’œuvre. Ce sont là les éléments pris en compte chaque année par le cabinet AT Kearney pour établir le classement mondial des destinations des services informatiques dans le monde. Et le cumul de ces critères donne un index qui correspond à l’attractivité des pays. Ils devraient donc être scrutés avec la plus grande vigilance par les décideurs tunisiens. Surtout que notre pays, outre six autres pays africains, figure parmi les 50 meilleures destinations mondiales pour la délocalisation des services informatiques, ou communément appelé offshoring, indique le site bonafrica.com. Ainsi, l’Égypte, la Tunisie, le Maroc et le Sénégal ont la faveur des entreprises occidentales.
Et même si le trio de tête est toujours constitué de l’Inde, de la Chine et de la Malaisie, les spécialistes soulignent que le continent africain gagne des places dans le classement. A noter que ces délocalisations visent à assurer des services tels que la maintenance d’applications informatiques, les centres d’appels et la gestion.
Mais pour se maintenir voire renforcer cette place ou position, il est indispensable de mettre en avant l’apprentissage des langues étrangères, essentiellement le français et l’anglais. Une tâche à laquelle s’atèle actuellement notamment le ministère de l’Education nationale.
D’ailleurs, toujours selon cette étude, une population francophone ou anglophone bien formée et peu payée –par rapport celle des pays occidentaux- voilà qui intéresse les entreprises occidentales pour délocaliser leurs services informatiques.
Selon la même source, ce classement 2010 place l’Égypte au 6ème rang en termes d’attractivité mondiale ; le Ghana est 15ème et la Tunisie, qui gagne 7 places, occupe le 17ème rang. Mais au cours des prochaines années, la compétition risque d’être rude, puisque les nouveaux entrants ne veulent pas faire de la simple figuration, aidés qu’ils sont du reste par leurs faibles coûts de personnel.
Par exemple, un pays comme le Sénégal, le salaire moyen d’un téléacteur y est de 308 euros par mois, contre 433 euros par mois en Tunisie et près de 458 euros au Maroc, fait savoir notre source. Et ce n’est pas tout, car si l’on en croit l’Agence sénégalaise des investissements extérieurs, citée également par bonafrica.com, le Sénégal disposerait aussi «d’une main-d’œuvre nettement plus abondante que ses concurrents maghrébins», avec un taux de chômage qui atteint les 40% contre (seulement) 15% en Tunisie et 20% au Maroc.
Il faut dire que, jusque-là, la Tunisie et le Maroc tiraient, essentiellement, leur épingle du jeu grâce au développement de l’offshoring en France qui privilégie les pays francophones et la proximité avec l’Europe. Mais avec la nouvelle politique française de «l’aide à la délocalisation», les choses pourraient changer.
En attendant, les spécialistes considèrent que le Maroc et la Tunisie sont «les pays les plus performants au monde en matière de centres d’appels». Du coup, les externalisations y sont nombreuses. En Tunisie, les centres d’appels comptent parmi les plus importants pôles d’emploi. Au Maroc, le nombre de télé-salariés a d’ailleurs été multiplié par 10 en 4 ans», cite www.borafrica.com. Autant dire que nous devons jouer cette carte, ce qui pourrait battre en brèche les objectifs de M. Wauquiez (voir notre article ). Parce que, par ce temps de mondialisation, il serait difficile qu’une entreprise –imbue qu’elle soit de nationalisme économique- accepte de produire à ou vendre à perte.
A nous donc de mettre tous les atouts (linguistiques et autres) de notre côté pour attirer plus d’entreprises. Car après tout, il s’agit d’un marché (l’offshoring) estimé, par le professeur Leslie Willcoks de la London School of Economics, à plus 55 milliards de dollars. Un pactole ! Autrement dit, nous n’avons pas le droit de baisser les bras.