Le Tunisien roule 22.000 km en voiture par an contre 14.000 pour le Français

parc-auto-320.jpgEn ces temps de vacances d’été et de Ramadan, qui peut décemment mettre en cause la toute puissance de la présence de la voiture particulière chez les Tunisiens ? Personne, évidement ! Et surtout pas les pouvoirs publics bien que les raisons d’une remise en cause ne manquent pas !

En effet, la «Revue de l’Energie», revue publiée par le ministère de l’Industrie et de la Technologie (N°76, juin 2010), nous donne à réfléchir sur la place de plus en plus grandissante de la voiture particulière en Tunisie et ce qui en découle en termes de consommation d’énergie, de pollution et d’encombrement, surtout avec la place réduite du transport en commun devant la vague roulante.

Ainsi, il apparaît selon M. Fethi Hanchi, sous-directeur de l’Utilisation Rationnelle de l’Energie à l’ANME et auteur de l’article : «Voitures particulières, utiles mais…»,  que notre parc comptait, en 2008, environ 785 mille voitures (sur 1,34 million de véhicules), soit 76 voitures pour 1.000 habitants contre environ 30 voitures pour 1.000 habitants en 1988. Ceci est dû principalement à la croissance soutenue des immatriculations des voitures particulières qui est passée de 20 mille unités en 1989 à environ 42 mille unités en 2009. Parmi les facteurs directs de cette croissance, on retrouve, principalement, les avantages fiscaux et financiers accordés pour l’acquisition des voitures de petite cylindrée dites «Voiture Populaire». En effet, les voitures de 4CV fiscaux représentent 38% du parc contre 28% pour les 5CV et 11% pour les 6CV (voir figure N°1).

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fig.1 : Répartition du parc automobile en Tunisie selon la puissance fiscale déclarée

D’autre part, l’auteur de l’article signale que le fichier des cartes grise n’est pas fiable totalement puisque beaucoup de voitures «réformées» ne sont pas toujours signalées à temps à l’Agence Technique de Transport Terrestre (ATTT).

Les ménages tunisiens s’équipent en voiture à toute vitesse. Ainsi, les enquêtes effectuées périodiquement par l’Institut National des Statistiques (INS) montrent qu’en 2008, 515 mille ménages sur 2,4 millions disposaient d’au moins une voiture particulière, soit environ un ménage sur cinq. Ce taux était de l’ordre de un sur dix en 1984 pour environ la moitié des ménages actuels.

Les Tunisiens se transportent en majorité par voiture privée (32%), viennent ensuite les voitures de transport public comme les louages ou les taxis (31%) contre seulement 27% pour les moyens de transport collectifs (voir figure N°2).

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Cet engouement  explique peut-être le fait que, selon les études de l’ANME, les Tunisiens dépassent même les Français en termes de kilomètres parcourus puisque les Français ne roulent que 14.000 Km par an contre 22.000 Km pour les Tunisiens, ce qui est l’équivalent d’un peu plus d’un demi-tour de la terre.

Le hic c’est que la voiture consomme 3 fois plus par voyageur transporté que le bus et même 10 fois plus que le métro, rapporte l’auteur de l’article d’après des estimations du ministère du Transport (2005). En effet, «en matière d’efficacité énergétique, le transport d’un voyageur sur un kilomètre nécessite environ 32 gep (gramme équivalent pétrole) en mode individuel contre seulement 10 gep en mode collectif. Il en ressort donc que le transfert de 1% de la demande assurée par le mode individuel au mode collectif fait gagner à la collectivité environ 7 ktep».

Par les temps qui courent et avec la hausse constante des prix de l’énergie, ceci présente un grand dilemme pour les pouvoirs publics, non seulement en termes de coût de l’énergie mais également en infrastructures que nécessite l’usage de plus en plus grand voire fréquent des voitures particulières.

Bien sûr les pouvoirs publics mettent en place des grands projets d’infrastructures collectives comme le projet de RFR sur le Grand Tunis qui devrait présenter une offre en transport collectif très conséquente par rapport aux solutions actuelles de bus et de métro. Mais ces stratégies et projets prennent des années pour être mis en place (rappelez-vous les années du projet du Métro Léger de Tunis) et la demande de mobilité, indique M. Hanchi dans son article, enregistre un accroissement estimé à 4,7% annuel ! Ce qui explique d’ailleurs la croissance exponentielle de la demande sur les voitures particulières malgré leurs prix en constante hausse puisque liée à l’euro dans la majorité des cas.

Et nous voilà dans la quadrature du cercle…