De plus en plus, des voix de marins pêcheurs s’élèvent au sein de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP) pour réclamer la généralisation du repos biologique, la révision du code de la pêche et un nouveau programme de mise à niveau de l’activité de pêche, particulièrement, des ports de pêche.
L’ensemble de la profession, réuni dans la cadre du conseil central de l’UTAP, réclame, au plan institutionnel, un département chargé spécialement de la pêche (ministère ou secrétariat d’Etat …), une meilleure articulation entre les prix et le coût de production, et une refonte du code de la pêche. L’objectif est de mieux réglementer les rapports entre les armateurs et les marins pêcheurs.
S’agissant des ports, la situation diffère d’un port à un autre. A titre indicatif, nous avons choisi deux ports : celui de Kélibia, spécialisé dans la pêche de lamparo(pêche à la lampe) et celui de Teboulba (gouvernorat de Monastir), spécialisé dans la pêche du poisson bleu.
Au port de Kélibia, qui assure en moyenne 15% de la production totale de poisson, les marins pêcheurs ont exploité le décès d’un des leurs par électrocution pour réclamer une amélioration de conditions de travail dans ce port.
Ils déplorent l’absence de suivi du plan de mise à niveau du port qui serait abandonné, l’enchevêtrement des responsabilités et l’anarchie qui y règne.
Pour y remédier, ils préconisent l’amélioration de l’hygiène, le dallage des quais, l’extension du repos biologique à la zone de Kélibia, l’agrandissement du bassin du port, son dragage et l’enlèvement des embarcations qui y échouent. Ces embarcations, placées sous séquestre pour non paiement de créances bancaires, sont à l’origine de l’encombrement et de certains désagréments.
Au port de pêche de Teboulba, les marins pêcheurs ont d’autres soucis. Ils réclament la conversion de leur port, de port de pêche côtière en un port de pêche en haute mer.
Leur objectif est clair : disposer de plus de moyens. Car ce projet, pour peu qu’il soit réalisé, se traduira par d’importants investissements publics dans l’infrastructure : agrandissement du port, amélioration des réseaux d’eau et d’électricité, acquisition de nouveaux engins de manutention (grues…), de réfrigération et de conditionnement plus modernes.
Les pêcheurs de ce port voient plus loin et plaident pour le développement de l’aquaculture en cages flottantes. Néanmoins, ils attirent l’attention sur l’enjeu de bien choisir les sites de ces cages afin de ne pas gêner le trafic, relevant au passage les erreurs techniques qui ont entaché la mise en place des 13 sites aquacoles que compte la zone de Teboulba.
Pour mémoire, en Tunisie, il existe environ quarante ports de pêche (soit en moyenne un port tous les 30 km) dont dix ports hauturiers -Tabarka, Bizerte, La Goulette, Kélibia, Sousse, Téboulba, Mahdia, Sfax, Gabès et Zarzis- et trente ports côtiers.
La pêche se pratique aussi dans 105.200 hectares de lagunes. L’aquaculture se développe quant à elle en sites maritimes ou en site d’eau douce sur 14.000 hectares au niveau des barrages.
La flottille de pêche se répartit en 400 chalutiers, 360 sardiniers, plus de 10.000 barques dont 4.300 barques à moteur.