Tunisie : Faut-il avoir peur du projet «aide à la relocalisation» française ?

Par : Tallel

offshore-320.jpgDans un premier temps, on peut répondre par oui et non à la fois. Oui, parce que toutes les entreprises françaises installées à l’étranger –y compris en Tunisie- ne feront pas la sourde oreille à ce patriotisme “économique“ débridé. Et non, parce que la plusieurs savent où se trouve leur salut, en l’occurrence dans les marchés émergents.

Maintenant dans les détails, c’est un peu compliqué. En effet, le blog du journal les Echos, blogs.lesechos.fr, nous apprend qu’«une entreprise française a obtenu… la première aide à la relocalisation». Et de préciser que «l’objectif, c’est de faire revenir en France des usines qui avaient fermé leurs portes pour les rouvrir ailleurs».

Ainsi, on cite l’exemple de la fonderie Loiselet qui «avait délocalisé sa production en Chine (Tianjin) en 2003» et y avait créé cinquante emplois. «Mais le transport lui coûte 1 million d’euros pour 7 millions de chiffre d’affaires. Trop cher». Alors, «Loiselet a donc décidé de rapatrier la fabrication en France. Elle va donc être la première à recevoir une prime à la relocalisation».

Mais qu’entend-on par “l’aide à la relocalisation“ ? «Il s’agit… d’avances remboursables par l’Etat, qui sont destinées à financer les achats de machines et de bâtiments ; le principe avait été décidé lors des états généraux de l’industrie en mars dernier», explique notre source. Et pour atteindre son objectif, le gouvernement français aurait mis sur la table une enveloppe globale de 200 millions d’euros sur trois ans, et il devrait même sortir d’autres projets dès la rentrée en septembre.

Vous avez deviné le pourquoi de notre “oui“.

Alors, pourquoi nous disons que cela ne devrait pas inquiéter, trop, des pays comme la Tunisie ? Pour Jean-Marc Vittori, l’auteur de ce blog, tout porte à croire que «cela ne va pas suffire pour faire revenir les entreprises en France». Même «au ministère de l’Industrie… on est d’ailleurs cette fois-ci très modeste. Ca aidera tout au plus quelques dizaines de PME à franchir le pas. En réalité, c’est surtout un signal, une façon pour le gouvernement de dire qu’il y a aussi de l’avenir industriel en France».

Cependant, tout en reconnaissant que depuis la nuit des temps «les entreprises vont à l’autre bout du continent, ou du monde, pour fabriquer moins cher», dans son analyse souligne qu’«elles découvrent que ce n’est pas toujours la bonne solution. D’abord, il y a le coût du transport. Il y a aussi les délais, qui se comptent parfois en mois. Et puis c’est plus difficile de surveiller la qualité ou de faire des innovations quand on est à 10.000 kilomètres de la production». Sans oublier de mentionner que le «made in France est un véritable argument commercial».

Alors peut-on généraliser cela à tous les secteurs d’activité, notamment dans les services ? La réponse ne souffre pas de doute, c’est non, et ce même si certaines entreprises peuvent être tentées de revenir au bercail. D’ailleurs, une grosse mutuelle, indique M. Vittori, «vient de décider de rapatrier en France son centre d’appels téléphoniques au nom d’un principe simple : mieux vaut un appel efficace que deux appels inefficaces. Elle l’a fait dans la plus grande discrétion, car elle n’avait même pas osé annoncer la délocalisation de cette activité au Maroc». Rappelons au passage le tollé soulevé, au Maghreb ici, par le projet de Laurent Wauquiez, le ministre français de l’Emploi, concernant les centres d’appels.

Grosso modo, disons qu’il ne faut pas trop s’inquiéter face au projet français de “l’aide à la relocalisation“. Cependant, il est nécessaire voire vital d’améliorer l’attractivité du site Tunisie, ce qui ne peut se faire qu’en améliorant notre qualité de formation. Puisque dans cette course à l’emploi, on aura compris que ni les gouvernements –soi-disant amis- a fortiori les entreprises ne viendrons chez nous pour la beauté de nos yeux. Ce temps, s’il a existé, est maintenant fini. Vous aurez compris, quantité rime rarement avec qualité.  

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