à Beaulieu-sur-Mer du casino (groupe Partouche) dont le tribunal de commerce de Nice a déclaré l’état de cessation de paiement (Photo : Valery Hache) |
[13/08/2010 14:33:59] PARIS (AFP) L’annonce vendredi du placement en redressement judiciaire de trois casinos illustre une nouvelle fois les difficultés d’un secteur touché ces trois dernières années par une baisse globale de 20 % de chiffre d’affaires.
La holding de la Société française de casinos, qui exploite trois casinos employant 167 personnes à Châtelguyon (Puy-de-Dôme), Gruissan et Port-la-Nouvelle (Aude), a annoncé son placement en redressement judiciaire faute d’accord avec ses créanciers.
La procédure, ouverte jeudi par le tribunal de commerce de Paris, est assortie d’une période d’observation de quatre mois au cours de laquelle la société va tenter de renégocier sa dette financière.
Le 15 juillet, le tribunal de commerce de Nice a déclaré le casino de Beaulieu (Alpes-Maritimes) du groupe Partouche en état de cessation de paiement. Le groupe vient d’ailleurs de lever 77,45 millions d’euros lors d’une augmentation de capital pour tenter de réduire son endettement et d’augmenter ses liquidités.
Les 197 casinos français, qui comptent 18.200 employés, 22.000 machines à sous et des jeux de table (roulette, black-jack, poker …), ont vu leur produit brut des jeux (PBJ, différence entre mises et gains des joueurs, équivalent du chiffre d’affaires) passer de 2,8 milliards d’euros (novembre 2006-octobre 2007) à 2,55 milliards (2007-2008) puis à 2,3 milliards (2008-2009).
Selon une source proche du dossier, une baisse de 4 % du PBJ des casinos a été constatée pour les premiers mois de l’exercice en cours (novembre 2009-octobre 2010).
Des difficultés dues, selon les spécialistes, à l’interdiction de fumer, à la concurrence illégale, du moins jusqu’au mois de juin, des sites de jeux en ligne installés à l’étranger, à la crise économique et au vieillissement de certains établissements.
éponyme, le 17 septembre 2009 à Paris (Photo : Eric Piermont) |
Interrogé vendredi par l’AFP, Georges Tranchant, patron du groupe éponyme (16 casinos en France), explique que “des petits opérateurs indépendants sont dans des situations extrêmement difficiles parce qu’ils ne peuvent pas reconstituer leurs fonds propres contrairement aux grands groupes (Barrière, Partouche, …, ndlr) dont la holding peut remettre de l’argent” dans les établissements déficitaires.
Par ailleurs, fait-il remarquer, les casinos “qui ont beaucoup investi dans leur rénovation marchent plutôt bien”. Pour autant, dit M. Tranchant, “nous sommes bien dans une crise qui frappe d’abord les plus faibles”.
Ce dirigeant relève par ailleurs qu’il “y a des zones géographiques où il y a beaucoup trop de casinos, sans compter les villes qui en comptent deux ou même trois comme Cannes”.
Pour tenter de limiter cette crise, la profession a pris diverses initiatives. Ainsi le groupe Partouche et une centaine d’autres casinos (Barrière, Tranchant, Joa, et indépendants) offrent depuis quelques mois des cagnottes –le record est de 5.512.448 euros– communes à plusieurs centaines de machines à sous reliées.
Les casinos voient également arriver de nouveaux clients plus jeunes qui s’affrontent au poker. Une clientèle appréciée des casinotiers même si le poker ne leur rapporte que 2 % des mises.
La profession est par ailleurs en discussion avec le ministère du Budget pour obtenir des aménagements fiscaux.
Cette crise a aussi un effet collatéral sur les budgets des quelque 180 municipalités qui accueillent des casinos puisque 15 % des prélèvements fiscaux sur le PBJ va aux communes (et 85 % à l’Etat).