Une hausse du prix du lait devrait être répercutée sur le consommateur

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ée par des producteurs, le 6 août 2010 dans une grande surface de Granville (Photo : Damien Meyer)

[13/08/2010 16:32:54] PARIS (AFP) La hausse du prix du lait réclamée par les producteurs aux industriels devrait être répercutée sur le consommateur final, dans des proportions variables selon les produits laitiers et avec un décalage dans le temps, estiment les professionnels.

La plupart en conviennent: en cas de hausse des prix à la production, il y aura inévitablement hausse des prix à la consommation. Mais bien malin celui qui saurait prédire de combien et à quelle échéance.

“Il y a quand même un effet mécanique: lorsque la matière première augmente, ça se traduit obligatoirement à un moment ou un autre dans les prix”, explique ainsi Thierry Desouches, responsable de la communication du groupement de distribution Système U.

Mais impossible aujourd’hui de chiffrer une telle augmentation: d’abord, il faut que les producteurs et les industriels “se mettent d’accord”. Puis que les industriels négocient avec les distributeurs.

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ères du Nord, le 5 août 2010 à Willies (Photo : Francois Lo Presti)

A titre d’exemple, “pour faire un camembert, il faut deux litres de lait. Si le litre de lait augmente de 3 centimes, le camembert va augmenter de 6 centimes. Tout au moins, c’est ce que l’indutriel va nous présenter”, précise-t-il.

Ensuite, “le jeu de la concurrence entre distributeurs interviendra pour essayer au maximum de limiter cette augmentation, parce qu’aujourd’hui, le prix est une préoccupation majeure”, affirme M. Desouches.

Ces dernières années, en cas de “forte poussée des prix à la production, on a bien vu qu’il y avait une répercussion” au niveau du prix final, confirme Dominique Guédès, chef de la division des prix à la consommation à l’Insee.

“Par contre, il est très difficile de dire à la fois quand -parce qu’il peut y avoir un décalage dans le temps- et combien”, ajoute-t-il. Pour le fromage notamment, il y a un temps de latence.

“En général, c’est vrai qu’on voit mieux les hausses que les baisses au niveau du prix final”, estime-t-il.

Jeudi, Lactalis a accepté sous conditions une hausse de 10% du prix du lait. “Il faut forcément la répercuter en distribution”, indique un porte-parole du groupe, rappelant qu’ensuite, chaque enseigne de distribution “détermine sa propre politique tarifaire”.

Ce n’est pas pour autant que la brique de lait augmentera dans les mêmes proportions, relève Laurent Thoumine, consultant à Kurt Salmon.

Lui s’attend à ce que ce soit “très faiblement répercuté sur la brique de lait et davantage sur le fromage”, progressivement.

Car “le prix du lait est un référent dans l’inconscient du consommateur, mais on a beaucoup moins de repères de prix sur le fromage”, avance-t-il.

Et le rayon lait est “sinistré” en termes de marges nettes, tandis que “pour le fromage et pour les yaourts, il y a un peu de marge de manoeuvre”, estime-t-il.

La pression des distributeurs “est telle qu’un certain nombre d’augmentations ne sont pas reportées”, note de son côté une porte-parole de Bongrain.

A l’association de consommateurs CLCV, le délégué général Thierry Saniez rappelle qu’en cas d’augmentation du prix du lait, toute une série de produits dérivés seraient également concernés.

Or, “on voit en ce moment une avalanche de hausses de prix: le gaz, l’électricité, l’assurance, le transport. Si l’alimentation s’y met, ça va devenir un sacré problème de pouvoir d’achat”, prévoit-il.