Gruyère : la Suisse obtient l’exclusivité sur l’Appellation d’origine contrôlée

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ête, le 13 juin 2004 à Leira au Portugal (Photo : Janek Skarzynski)

[16/08/2010 14:58:38] GENEVE (AFP) Le Gruyère suisse a remporté une manche contre le français en obtenant l’exclusivité sur l’Appellation d’origine contrôlée (AOC), mais la guerre n’est pas finie pour les producteurs helvétiques qui veulent une protection mondiale du nom dans le cadre de l’OMC, a indiqué lundi l’Interprofession du Gruyère.

“C’est une bonne avancée mais la bagarre ne s’arrête pas là”, a expliqué à l’AFP le directeur de l’association, Philippe Bardet.

Désormais, estime-t-il, “il faut se battre pour une protection” au niveau mondial dans le cadre des accords de libéralisation des échanges à l’Organisation mondiale du commerce.

“L’enjeu est de taille, car il porte sur la protection totale du nom”. Ce que veulent concrètement les Suisses, c’est une protection identique à celle qui existe à l’OMC pour les produits viticoles. Mais, reconnaît M. Bardet, l’affaire n’est pas gagnée étant donné l’état laborieux des négociations entamées en 2001 à Doha (Qatar) et qui piétinent depuis.

Revenant sur l’obtention exclusive de l’AOC au niveau européen pour le Gruyère helvétique, le responsable a voulu tempérer la victoire suisse, rappelant qu’il existe depuis les années 30 un accord entre la France et la Suisse accordant le droit aux deux pays d’utiliser le même nom pour les deux fromages très différents.

Le différend a démarré entre les deux capitales quand la France a voulu faire reconnaître l’AOC accordée à son Gruyère au niveau européen en 2007. La Suisse a fait une demande identique dans la foulée, craignant pour les 13.000 tonnes d’exportations annuelles de son fromage phare.

Au final, Bruxelles a jugé, selon des sources suisses, le dossier français pas assez étayé recommandant à la France de se contenter de l’indication géographique protégée (IGP) et permettant à la Suisse de garder l’exclusivité de l’AOC pour son Gruyère.

Les deux fromages n’ont en commun que leur homonymie. Le suisse, produit depuis le Moyen-Age dans les alentours d’une bourgade éponyme du canton de Fribourg dans l’ouest du pays, “est plus corsé”, avec “un goût plus marqué”, selon M. Bardet.

Le Gruyère français, produit un peu partout pendant de longues années avant d’être re-localisé dans les régions françaises proches de la frontière helvétique, “a un goût plus sucré dû aux trous”, ajoute-t-il.