Le nouveau patron d’Orange enterre la hache de guerre avec ses concurrents

photo_1281973461867-1-1.jpg
éphane Richard au cours d’une conférence de presse, le 5 juin 2010 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[16/08/2010 15:56:34] PARIS (AFP) L’opérateur téléphonique Orange (France Télécom), en conflit depuis plusieurs années avec Free et Canal+, joue aujourd’hui l’apaisement, une stratégie impulsée par son nouveau patron, Stéphane Richard, plus ouvert au dialogue que son prédécesseur Didier Lombard.

“Les différends qui nous opposaient à Free (Iliad) ont été réglés au cours du premier semestre”, a déclaré lundi à l’AFP un porte-parole d’Orange, confirmant une information du quotidien La Tribune.

Les termes de cet accord “confidentiel”, qui met un terme à plusieurs litiges avec le fournisseur d’accès internet, n’ont pas été dévoilés. Toutefois, dans son rapport financier du premier semestre, Orange indiquait avoir réglé à l’amiable un dossier lié à l’ADSL, une technologie permettant de diffuser de l’information numérique via les lignes téléphoniques classiques.

Le trublion de l’internet, qui doit se lancer aussi dans la téléphonie mobile en 2012, avait assigné France Télécom en justice, en l’accusant d?avoir mis en oeuvre de 2000 à 2005 une stratégie l?empêchant de déployer l?ADSL, puis retardant sa progression sur ce marché.

Selon La Tribune, France Télécom a par ailleurs abandonné les plaintes pour diffamation déposées l’an dernier contre Free, après des déclarations de son patron Xavier Niel qui avait notamment traité l’opérateur historique de “délinquant multirécidiviste”.

De son côté, Free a retiré sa plainte devant la justice européenne: il reprochait à France Télécom ses pratiques commerciales et tarifaires sur le marché de l’internet et demandait la scission de l’opérateur, avec d’un côté son réseau, accessible à tous, et de l’autre son activité de services.

“L’arrivée de M. Richard marque une inflexion dans la stratégie et la posture d’Orange. Il veut placer son ère sous le signe de la pacification”, commente Stéphane Dubreuil, analyste chez Sia Conseil.

“Il a commencé avec le côté social (à la suite de la série de suicides ayant fragilisé l’entreprise, ndlr) et ça a l’air de plutôt bien se passer. Maintenant, il s’attaque à l’autre dossier: la concurrence”, ajoute-t-il.

Parallèlement à Free, France Télécom a également enterré la hache de guerre avec Canal+ (groupe Vivendi). Les relations avec la chaîne câblée étaient tendues depuis de longs mois, donnant lieu à plusieurs dépôts de plaintes, notamment devant l’Autorité de la concurrence.

Orange est ainsi en discussion avec Canal+ pour conclure des partenariats au sujet de ses chaînes de télévision payantes.

Selon une source proche du dossier, Orange et Canal+ n’auraient néanmoins pas conclu, à ce jour, d’accord concernant leurs différends.

“Didier Lombard voulait écraser tout le monde, son rêve ultime était qu’Orange contrôle tout. Stéphane Richard n’est pas sur la même longueur d’onde”, souligne Edouard Barreiro, de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir.

Si Iliad se refuse à tout commentaire, une source proche du groupe reconnaît un “vrai” changement depuis l’arrivée de M. Richard –ancien directeur de cabinet de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde– au poste de directeur général le 1er mars.

“C’est quelqu’un avec qui l’on peut parler. Ce n’est pas la même génération. France Télécom a changé d’époque”, explique cette source.

“C’est quelqu’un qui avait beaucoup aidé Iliad à avoir la quatrième licence mobile, quand il était à Bercy. Le groupe a une sympathie naturelle pour lui”, rappelle-t-elle.

L’accord entre Orange et Free intervient d’ailleurs alors que le second recherche un opérateur partenaire pour sa téléphonie mobile. Pour autant, selon cette source, il n’y a “pas de lien” entre les deux.