On stigmatise le mois de Ramadan à longueur de colonnes et dans tous les recoins de bureau et pourtant le mois saint profitent à plusieurs catégories de nos citoyens pour lesquels il est l’occasion de «donner» plus encore à son prochain !
Prenez votre boucher le pauvre -je parle du boucher de viande rouge bien sûr et non de celui du poulet qui assure le 26/26 du bon peuple en viande blanche ; votre boucher se frotte les mains pendant ce mois car il est sûr que vous allez acheter de sa viande même si elle est à 13 ou 14 dinars ! Autrement qu’est-ce que vous allez faire pour la chorba et le mosli ? Et des humeurs de votre épouse ?
Ensuite, pensez à votre boulanger ! Oui votre boulanger qui passe les 11 mois de l’année incapable de vous faire choisir autre chose que la sainte baguette si ce n’est pas le gros pain ! Pendant le ramadan, votre boulanger double d’efforts pour vous satisfaire et vous préparer le pain aux olives, à l’oignon, le m’besses, et tous les autres pains pour lesquels vous sacrifiez tous les jours une heure d’attente. Votre boulanger adore le mois de Ramadan autrement il aurait fermé depuis longtemps !
Ne parlons pas de votre épicier ! L’épicier du coin, le Attar El Houma pardi, celui qui connaît les secrets de votre budget aux bouts des doigts ! Celui-là s’ingénue à vous proposer ce qu’il faut pour la rupture du jeûne et celle de votre bourse. Il vous trouve la chamia la meilleure, c’est-à-dire la plus chère, le fromage râpé, les œufs, les câpres (à 10 dinars le kilo quand même) pour le sacro saint brick à l’œuf ou Dannouni pour ceux qui ont encore quelques réserves en rouge sur le carnet de l’épicier !
Votre épicier en bon philanthrope s’associe même les services de quelques autres bienfaiteurs de l’humanité au mois du jeûne. Ainsi, il fait trimer au mois deux ou trois bonnes femmes pour vous fabriquer la malsouka, les mlaoui, les tabounas, tout ça pour des maigres bénéfices qu’il ne se prive pas d’ajouter à votre facture !
La liste ne s’arrête pas loin de là, car il y a bien sûr votre marchand de légumes qui vous facture doucement le persil et la laitue au kilo, rien que pour vous aider à plus facilement vous débrouiller pour le calcul. Votre marchand là n’irai pas pour quelques sous vous fourguer les fruits à des prix astronomiques et il ira même jusqu’à vous trouver des citrons, presque introuvables sur le marché et ce pour un prix d’amis bien sûr!
N’allez pas nous dire avec ça que le mois saint est un mois d’oisiveté et de farniente puisque depuis qu’il arrive en été il fait plaisir aux patrons, contrairement à l’habitude de le voir en rogne tous les Ramadans ! Même les patrons, y compris le vôtre, se frottent les mains depuis l’année dernière et se les frotteront bien jusqu’à au moins 6 ans encore. Évidement, puisque, grâce au mois saint, ils vont vous sucrer un mois de séance unique jusqu’à ce que le Ramadan quitte l’été et revienne à des meilleures positions en juin deux mille dix-sept et des poussières !