La plage de Nice, le 12 juillet 2010 (Photo : Valery Hache) |
[21/08/2010 08:50:16] PARIS (AFP) La saison estivale 2010 sera meilleure que l’an dernier au vu des premières tendances, mais jamais, selon des professionnels du tourisme, promotions et prix bradés n’ont atteint de tels niveaux dans la foulée de réservations de dernière minute toujours à la hausse.
Sur internet ou dans les agences de voyage, les -20%, -40% et parfois -50% ont fleuri même en plein été, période cruciale pour les professionnels.
“Une famille nous a appelé le jeudi pour un départ le samedi et a finalement renoncé à la mer, car une deuxième semaine était offerte s’ils partaient à la montagne, déclare à l’AFP un porte-parole d’Odalys, spécialiste français des résidences de vacances.
“Les gens achètent un prix et pas un voyage et encore moins une destination”, résume Laurent Serfaty, rédacteur en chef du site d’infomédiation Easyvoyage.com.
“Tous ceux qui dépendent de la clientèle française sont enfermés dans une logique où les gens achètent effectivement un prix et ceux qui ne voulaient pas brader ont été obligés de le faire”, renchérit Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé Protourisme.
La part des promotions dans le chiffre d’affaires de Look Voyages (clubs de vacances et voyages moyen-courriers) a fait un bond d’au moins 5 points en 2010 par rapport à 2009, dépassant la barre des 30%, indique son directeur général Patrice Caradec.
M. Arino parle d’une “vague de promotion historique” qui a dopé les réservations de dernière minute, permettant aux hébergements français de réaliser un bon mois d’août.
Il estime à “20% la part des discounts dans le chiffre d’affaires des professionnels” et à “près de 40%” le nombre de séjours vendus cet été “via une remise, une promotion ou un discount”.
En 2008 et en 2009, les Français ont choisi de préserver à tout prix leurs congés, quitte à rogner sur les restaurants ou les activités de loisirs. Cette année, l’hébergement est en tête des postes de réduction de dépenses, soulignait récemment le Credoc.
Pour Patrice Caradec, il y a un problème réel de pouvoir d’achat au delà de l’accélération des ventes de dernière minute.
Même les clients qui s’inscrivent tôt, pour bénéficier de prix attractifs mis en place par les professionnels pour lutter contre les réservations tardives, “l’ont fait sur des destinations moins coûteuses, plus proches donc moins chères”, dit-il.
L’accélération des réservations de dernière minute empêchent plus que jamais hôteliers et tour-opérateurs d’avoir une bonne visibilité sur les saisons.
Selon Laurent Serfaty, 50% des voyages seraient réservés le mois du départ et 26% la semaine du départ, des chiffres “jamais atteints qui forcément font réagir le marché qui a besoin de remplir ses avions et ses hôtels”.
A cela s’ajoute pour Patrice Caradec un phénomène de sur-offre sur le moyen courrier, notamment sur le bassin méditerranéen où la concurrence est qualifiée de “sauvage” par M. Serfaty.
Reste que la crise et deux ans de prix bradés ont façonné un nouvel état d’esprit chez le consommateur, qui le rend peu enclin à payer de nouveau des tarifs standards.
“La régulation du marché passera peut-être par le +yield management+ c’est-à-dire des tarifs en fonction de l’offre et de la demande, et la disparition des prix catalogues”, estime le rédacteur en chef d’Easyvoyage.
Belambra (ex-VVF Vacances), leader des clubs de vacances en France, a mis en place des réductions “de l’ordre de 20 à 40%” en fonction du remplissage de ses clubs, destinées à ce que l’enseigne appelle les “retardataires” ou plus prosaïquement… les “chasseurs de primes”, toujours plus nombreux.