Eoliennes en mer : un appel d’offres de 10 milliards d’euros en septembre

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éolien “Alpha Ventus” au nord de l’île allemande de Borkum le 23 avril 2010 (Photo : David Hecker)

[24/08/2010 14:05:02] PARIS (AFP) Déterminé à rattraper le retard de la France dans le domaine de l’éolien marin, le gouvernement va lancer en septembre un appel d’offres massif visant à construire quelque 600 éoliennes au large des côtes françaises, un investissement de 10 milliards d’euros.

Annoncé dès le mois de mai, cet appel d’offres portera sur l’installation de 3.000 mégawatts (MW) d’énergie éolienne.

“Au coût actuel de 3,5 millions d’euros par mégawatt installé, cela représente un programme d’investissements de 10 milliards d’euros”, a indiqué le ministère de l’Ecologie et de l’Energie mardi à l’AFP.

A l’horizon 2020, le gouvernement entend porter la puissance totale de l’énergie éolienne en mer à 6.000 mégawatts, soit un investissement “de 15 à 20 milliards d’euros”, si on prend en compte les réductions de coûts à venir.

Au total, c’est l’équivalent de la puissance de production de 6 réacteurs nucléaires qui sera installée au large des côtes françaises.

Le programme est ambitieux et à la mesure du retard français en terme d’éolien offshore.

Fin juin, on comptait 948 éoliennes marines en Europe, et aucune en France, qui dispose pourtant d’une immense façade maritime.

Ce retard s’explique par la profondeur d’eaux plus importante dans l’Océan Atlantique qu’en Mer du Nord, qui oblige à construire les éoliennes plus près des côtes, explique-t-on au ministère de l’Energie.

La construction d’éoliennes entre ainsi plus facilement en conflit avec les activités touristiques ou la pêche en mer, selon la même source.

“On a en France un problème avec l’éolien en général: une partie de l’+establishment+ y est très hostile”, estime pour sa part Jean-Philippe Roudil, délégué général du syndicat des énergies renouvelables (SER).

De fait, un précédent appel d’offres, lancé en 2004, n’a toujours pas eu de résultat concret.

Le seul projet retenu, celui de l’Allemand Enertrag au large de Veulettes-sur-Mer (Seine-Maritime), est paralysé en raison de recours de riverains devant le tribunal administratif. De petite taille avec ses 105 mégawatts (MW) de puissance, il ne devrait voir le jour au mieux qu’en 2011 ou 2012.

Pour le prochain appel d’offres, “on sent un changement d’échelle et l’envie de faire les choses plus sérieusement”, estime M. Roudil.

Concrètement, l’Etat va définir une dizaine de zones propices à l’implantation d’éoliennes dans la Manche et la Mer du nord, au nord de la Bretagne, au large des Pays-de-la-Loire et de la région Languedoc-Roussillon.

Les industriels candidats à l’appel d’offres devront déposer un projet comprenant un prix de revente à EDF de l’électricité produite.

Celui-ci est actuellement fixé par arrêté ministériel à 130 euros/MWh, mais ce niveau est trop bas pour assurer la rentabilité des projets aux dires des industriels.

Les entreprises sélectionnées auront ensuite entre 18 mois et 2 ans pour confirmer de manière définitive la mise en oeuvre de leur projet. S’il est abandonné, l’appel d’offres sera rouvert sur la zone concernée et les études réalisées profiteront aux nouveaux candidats.

Les premières éoliennes ne seront pas installées avant 2015, afin de favoriser le développement d’un “véritable tissu industriel”, indique le ministère de l’Energie.

Les éoliennes installées en France sont actuellement importées de l’étranger, faute d’acteur industriel hexagonal fort.

“Pendant longtemps, l’Etat et les responsables politiques n’ont pas cru au développement de l’éolien; ils pensaient que c’était une industrie-gadget”, note M. Roudil. “Aujourd’hui, il s’agit de rattraper notre retard. C’est possible, d’autres pays l’ont fait”.