L’Observatoire de l’investissement et des partenariats en Méditerranée ANIMA-MIPO, soutenu par le programme Invest in Med, a dressé un bilan de l’investissement direct étranger (IDE) et des partenariats, pour le premier semestre 2010 (S1 2010), dans les 9 pays méditerranéens partenaires de l’UE (Pays MED : Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Autorité Palestinienne, Syrie, Tunisie et Turquie). D’après cette étude, les prévisions économiques rassurantes pour les pays MED ont permis la bonne reprise des décisions d’investissement des entreprises étrangères mais «avec des projets plus petits, moins risqués» : en s’adaptant au monde de l’après-crise, les «investisseurs ne renoncent pas à leurs projets mais en limitent l’envergure, et ont plus volontiers recours à des partenaires pour développer leurs activités au sud de la Méditerranée».
Plus de projets d’IDE, mais moins d’argent investi = plus de partenariat
Avec 392 projets d’IDE annoncés au premier semestre 2010 contre 532 au total en 2009 (+47%), la tendance est nette. Pourtant, cette hausse du nombre d’annonces de projets d’IDE est à temporiser avec la baisse du montant moyen de ces annonces qui s’accélère : 34,6 millions d’euros (M€) par projet au premier semestre 2010, 55,7 M€ en 2009 et 87,4 M€ pour l’année record 2006. Ainsi, le montant total des annonces d’IDE demeure relativement stable par rapport à 2009 : 13,6 milliards d’euros (Mds €) au premier semestre 2010, contre 29,6 Mds € en 2009, soit -8%.
Parallèlement, les partenariats d’entreprises (définis comme des projets où une entreprise étrangère se rapproche d’un marché domestique, soit à travers un partenaire identifié, soit en ouvrant une représentation locale) poursuivent leur progression révélatrice: 246 annonces au cours des six premiers mois de l’année, contre 302 au total pour l’année 2009 (+63%).
Plus d’investissements des pays émergents = moins d’investissements du Golfe
Prenant la 2ème place devant les pays du Golfe, l’arrivée des pays émergents, la Chine en tête, comme nouvel acteur incontournable de l’IDE dans les pays MED, est frappante : 29% des montants annoncés en 2010 (soit 3,9 Mds €), contre 11% en moyenne depuis 2003.
Les entreprises européennes, toujours en pole-position (plus de 40% des montants annoncés d’IDE en moyenne depuis 2003), n’apportent que 4,1 Mds € pour cette période de 2010 (30% du total contre 54% en 2009). Pourtant, «les investisseurs européens sont toujours largement en tête en nombre de projets initiés dans la région, avec 42% du nombre d’annonces d’IDE et la moitié des partenariats au S1 2010». De plus, les IDE européens plutôt modestes (22 M€ de montant moyen contre 112 M€ pour les pays émergents en 2010), se différencient par des projets diversifiés, lancés pour près d’un quart par des PME (période 2003-2010).
Focus sur la Tunisie
Au Maghreb, seulement 1,7 Md € d’IDE (-20% par rapport à 2009) a été annoncé en un semestre malgré 29% d’annonces de projet en plus. -60 à -80% au niveau des montants d’IDE prévus en Algérie, en Libye et au Maroc, la Tunisie fait bande à part: +250%, boostée (exlusivement) par le mégaprojet immobilier de l’émirati Gulf Finance House (3 milliards de dollars qui seront investis dans les 7 ans à venir !) pour la construction du Port financier de Tunis (acquisition du terrain en 2009). La Tunisie décroche également la palme en termes de nombre de projets annoncés avec +76% (Maroc +29%, Libye 0%, Algérie –23%).
A l’échelle régionale et sectorielle, l’ingénierie et les services aux entreprises voient une relance de leurs stratégies d’implantation, notamment au Maroc et en Tunisie, qui attirent la moitié des 29 projets annoncés. De plus, l’industrie pharmaceutique reste attirée par la Tunisie et le développement de ce secteur : 2 investisseurs européens et 2 jordaniens.
Plus de partenariat = plus de valeur ajoutée
Pour conclure sur ce bilan des IDE dans les pays MED, on peut dire avec le réseau Anima que la tendance du ‘plus de partenariat pour moins de risque’ semble, a priori, être une opportunité pour les entreprises des pays MED. Cette évolution, si elle est soutenue par «les relais commerciaux, techniques et financiers nécessaires au développement des projets portés par leurs partenaires étrangers», pourrait conduire à «un meilleur partage de la valeur ajoutée».
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