L’essor que connaît le marché halal en Europe interpelle sur l’opportunité qu’il peut présenter pour les exportateurs tunisiens en agroalimentaire. En tant que pays islamique, la Tunisie a toutes les chances d’augmenter ses exportations dans les produits agroalimentaires d’origine animale ou à composantes animales, par l’instauration d’un label halal. Tout un débat est engagé, en Europe, concernant la crédibilité des produits dits «halal» fabriqués en France et dans d’autres pays européens. D’autant plus qu’aucun cadre légal n’existe, par exemple en France où le label halal est organisé à l’initiative d’autorités religieuses locales.
Dans les pays islamiques, seule la Malaisie a réussi à développer un label halal, qui n’est pas reconnu dans certains pays. Il faut d’ailleurs rappeler qu’il n’y a pas d’unanimité entre les pays musulmans sur les techniques d’abattage Halal, par exemple.
Notion inexistante en Tunisie…
En Tunisie, la prise de conscience de ce marché commence à se faire sentir. Déjà, durant les premiers jours de Ramadan, une grande enseigne du secteur agroalimentaire a lancé un spot publicitaire où elle fait, entre autre, la promotion de son label halal. Ce qui semble avoir posé pas mal d’interrogations sur la signification de ce label dans un pays musulman.
«Tous les produits tunisiens sont halal. L’établissement d’une certification halal ne concernera que les produits destinés à l’export à destination des pays non islamiques, par exemple la France, l’Allemagne et vers certains pays africains où il existe une communauté musulmane, à l’exemple du Sénégal, du Cameroun et du Tchad», précise M. Aymen Mekki, directeur général de l’Institut National de la Normalisation et de la Propriété Industrielle (INNORPI).
Jusque-là, la notion de certification halal n’existe pas en Tunisie. Le service «Ifta’» du ministère des Affaires religieuses est le seul habilité à donner ce qu’on appelle une «tazkiya» halal pour les abattoirs. Selon l’INNORPI, ces abattoirs utilisent des techniques d’abattage qui suivent à la lettre les prescriptions islamiques. Ce qui revient à dire que les produits agroalimentaires -d’origine animale ou ceux comportant un composant d’origine animale présents sur le marché tunisien- sont halal. De même pour les produits exportés qui subissent un traitement particulier, notamment des contrôles à l’abattage.
Développer un label halal…
Prenant conscience du potentiel que présente le marché halal à l’export, un référentiel relatif aux aliments halal est en cours d’élaboration au sein de l’INNORPI. Selon Mme Abir Toumi Sghaier, responsable certification agroalimentaire à l’INNORPI, ce référentiel se base sur les normes établies par l’Organisation of Islamic Conference (OCI pour Organisation de la conférence islamique), depuis deux ou trois ans. Ces normes concernent la certification du produit halal, l’accréditation des organismes certificateurs et les normes sur les produits halal. «Nous avons suivi le projet de l’OCI pour mettre en place notre propre certification. Nous constatons aujourd’hui un intérêt évident des organismes européens de certification pour ce marché; mais un organisme islamique sera évidemment plus crédible aux yeux du consommateur musulman», explique Mme Sghaier.
Ce référentiel qui sera prêt d’ici quelques mois (fin 2010), sera soumis à l’approbation d’un comité, composé de toutes les parties concernées tels que le ministère de la Santé et le ministère du Commerce et de l’Artisanat. Il sera également soumis au ministère des Affaires religieuses, avant son application.
Les exportateurs tunisiens dans le secteur agroalimentaire pourront ainsi adopter ce nouveau label qui devrait permettre de renforcer la confiance des consommateurs musulmans de l’étranger et consolider la position des produits tunisiens à l’international où il n’existe pour pas l’instant aucune garantie sur le caractère réellement halal des produits portant cette mention . Ce label «sera destiné exclusivement à l’export», insiste M. Mekki.
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