Le gouvernement peine à maîtriser l’engouement pour l’énergie solaire

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équipé de panneaux photovoltaïques. (Photo : Pascal Guyot)

[25/08/2010 17:09:28] PARIS (AFP) Dépassé par l’engouement pour l’énergie solaire, le gouvernement a dû abaisser pour la deuxième fois cette année les tarifs de rachat de l’électricité photovoltaïque, en vue d’éviter un emballement qui risquait de coûter cher aux consommateurs.

Les tarifs de rachat de l’électricité produite à partir de panneaux solaires vont baisser de 12% à compter du 1er septembre, sauf pour les particuliers, a annoncé lundi soir le gouvernement.

C’est la deuxième fois depuis janvier que les pouvoirs publics décident d’abaisser ces tarifs qui n’avaient pas bougé depuis 2006.

En l’espace de huit mois, la baisse cumulée du tarif s’élève ainsi pour certaines installations “à près de 40%, ce qui remet en cause de nombreux projets”, a dénoncé mercredi le Syndicat des énergies renouvelables (SER).

Pour justifier cette décision, le gouvernement a avancé qu’il s’agissait “d’éviter des effets d’aubaine spéculatifs” générés par un tarif d’achat “parmi les plus favorables en Europe”.

Chaque propriétaire de panneaux solaires peut en effet revendre l’électricité excédentaire qu’il produit à EDF. Le groupe public est obligé d’acheter cette électricité à un prix favorable défini par l’Etat et qui varie selon que les panneaux solaires sont installés à même le sol, sur une maison, une école, un hangar agricole…

Or, “on est sur une tendance de développement qui est trois fois supérieure aux objectifs du Grenelle de l’Environnement”, explique-t-on au ministère de l’Ecologie.

Alors que la France vise 5.400 mégawatts (MW) de capacités de production photovoltaïque à l’horizon 2020, les projets en attente atteignent d’ores et déjà 4.800 MW.

Même en tablant sur l’abandon d’un certain nombre de projets, la capacité des panneaux solaires française pourrait dépasser 3.000 MW dès l’an prochain.

“Il y a eu un emballement du système”, reconnaît Arnaud Mine, qui représente les professionnels du photovoltaïque au sein du SER.

Cet “emballement” s’explique notamment par la forte baisse du coût des panneaux solaires sous l’effet d’une montée en puissance de la production mondiale, des avancées technologiques et de la percée des fabricants chinois.

“Les baisses de prix ont atteint 30 à 50% en 2009 et elles se poursuivent à un rythme moindre” (-10% cette année), explique un spécialiste du secteur.

Parallèlement, l’Espagne et l’Allemagne, gros consommateurs de cellules photovoltaïques, ont fortement réduit leurs dispositifs de soutien, alors que la France gardait des tarifs élevés.

“Il y a eu un engouement logique pour le photovoltaïque, qui est une bonne affaire tant pour les industriels que pour les particuliers”, ajoute cet expert.

Le gouvernement souhaite désormais mieux maîtriser la croissance de la filière, pour la ramener à 500 MW/an.

Une des pistes envisagées est de faire varier les tarifs d’achat tous les trois mois en fonction du nombre de projets d’installations solaires.

“Il faut un système plus réactif”, estime aussi M. Mine, qui appelle à une “réflexion stratégique” sur la filière.

La maîtrise de l’énergie solaire est primordiale pour les consommateurs qui financent son développement, via la Contribution au service public de l’électricité.

Cette taxe, acquittée avec la facture d’électricité, sert à dédommager EDF du coût de rachat de l’électricité photovoltaïque.

Il faudra l’augmenter de 22 euros par an et par client pour atteindre les objectifs du Grenelle en terme d’énergie solaire, avait prévenu la Commission de régulation de l’énergie en décembre. Soit 60 à 65 euros pour une famille se chauffant à l’électricité. Ou plus si ces objectifs devaient être dépassés.