En dépit de la création cette année d’un fonds consacré au financement du programme du repos biologique dans le Golfe de Gabès, la situation est loin de se calmer du côté des professionnels du secteur de la pêche dans la région de Sfax et le mécontentement des marins pêcheurs se poursuit, parce l’acceptation de ce repos biologique ne s’accompagne pas –dans les faits- d’une récompense pécuniaire. Leur survie en dépend!
Les dizaines de pêcheurs qui chôment depuis le premier juillet dernier en raison de l’application du régime du repos biologique -visant à permettre à la réserve halieutique de se renouveler-, n’ont toujours pas reçu les aides promises au titre de ce programme. Pas moins de 170 demandes déposées dans les délais, soit avant le 30 juillet, et toujours pas de réponse de la part de l’administration et de la profession qui siègent côte à côte dans une commission chargée de gérer le dossier -devenu presque “ingérable”.
Le blocage de la situation serait dû à l’interprétation de l’application du texte du décret n°2009-1981 du 23 juin 2009, fixant les conditions et les modalités des interventions propres au régime du repos biologique dans le secteur de la pêche qui pose un épineux problème. Celui-ci réside dans l’exigence pour les pêcheurs de ne pas avoir commis d’infraction à l’une des dispositions de la loi relative à l’exercice de la pêche pour pouvoir espérer bénéficier des aides accordées au titre du repos biologique.
Il s’agit là d’une condition que les pouvoirs publics sont tenus de respecter pour être conforme à la loi en vigueur mais qui, d’un autre côté, prive un grand nombre de pêcheurs de la prime.
Résultat: la situation matérielle devient de plus en plus précaire pour de nombreux pêcheurs qui n’avaient encaissé aucun sou depuis plus d’un mois et demi. “Des pécheurs pénalisés, affirme-t-ils, pour des contraventions dont ils ne sont pas responsables à partir du moment où ils ne sont que de simples employés journaliers sur des barques appartenant à des armateurs qui doivent assumer, eux, la responsabilité des contraventions commises”.
De ce fait, on n’arrête pas, durant les derniers jours, d’appeler, côté profession, à la nécessité de revoir l’article 10 du décret en question exigeant le respect de cette condition jugée “très sévère” voire inique.
En dépit de multiples réunions tenues de façon ininterrompue aux sièges de l’Union régionale de l’agriculture et de la pêche, du Commissariat régional au développement agricole et du gouvernorat, la situation est toujours bloquée en l’absence de solution qui puisse arranger toutes les parties et ainsi mettre fin à une question qui n’a que trop duré.
A vrai dire, et selon nos sources, le mécontentement des marins pêcheurs de Sfax et Kerkennah n’est pas dû uniquement à l’épineux problème du repos biologique mais également à d’autres anciennes revendications toujours insatisfaites : l’unification du système de couverture sociale pour l’ensemble des métiers de la pêche et l’application de la décision présidentielle prise lors du conseil ministériel sur le secteur de l’agriculture et de la pêche (du 19/12/2008) et consistant à “exempter de la taxe au débarquement dans les ports, les produits destinés au marché intérieur“. Mais là, c’est une autre histoire.