S’il y a un produit compétitif que les textiliens tunisiens peuvent optimiser la production et l’exportation, c’est bien le tee-shirt ou T-shirt. Ce chandail à manches courtes, vêtement décontracté, que les monstres du cinéma, Marlon Brando et James Dean, ont popularisé dans le film «La Fureur de vivre», engrange de beaucoup d’atouts pour battre, à moyen terme, la concurrence asiatique sur le marché européen.
Faut-il le rappeler, actuellement, plus de la moitié des importations de l’Union européenne en Tee-shirt est originaire des pays asiatiques, particulièrement du Bangladesh et de Chine qui offrent des prix plus compétitifs que les pays méditerranéens, à l’exception de la Turquie qui, avec près de 25% de part de marché, demeure le premier fournisseur de l’Europe.
Pour la Tunisie, plusieurs atouts jouent en faveur de l’exportation de son tee-shirt vers le Vieux Continent, le plus riche marché du monde. Le premier est, manifestement, le facteur de proximité. A deux heures de vol des principales capitales européennes, le T-shirt «made in Tunisia», produit en petite série ou en grande série, a toutes les chances de s’adapter dans de bonnes conditions, aux exigences de la mode européenne et de satisfaire toute demande.
La seule condition que les textiliens tunisiens se doivent de remplir est de faire preuve de professionnalisme, de produire un T-shirt présentant un bon rapport qualité/prix et de livrer leur cargaison dans les délais convenus.
Le deuxième atout qui joue en faveur de ce fleuron de la filière de la maille consiste en la prise de conscience des textiliens implantés en Tunisie (Benetton, Zannier, Damartex….) des avantages qu’ils peuvent tirer de cette niche. En témoigne l’évolution qu’ont connue, ces dernières années, les exportations de ce vêtement.
tatistiques fournies par le Centre technique du textile (Cettex), l’activité Tee-shirt a acquis une position remarquable dans les exportations tunisiennes en habillement : 10,7% de part en valeur en 2009 contre 6,8% en 2005.
Mieux, avec 510 MDT de chiffre d’affaires à l’export et 66 millions de pièces vendues en 2009, les exportations de tee-shirt ont bien résisté à la conjoncture défavorable du marché européen même si ces exportations ont enregistré un repli de -4,6% en valeur et -1,5% en volume par rapport à 2008.
Comparée à la décroissance enregistrée par les pays méditerranéens, la Tunisie s’en est plutôt bien sortie avec un recul limité à -6,8% en valeur contre -11,8% pour la Turquie et -20,6% pour le Maroc.
Cette performance vient conforter la position de la Tunisie en tant que 7ème fournisseur de l’Europe. Le mérite de l’offre tunisienne réside dans son orientation vers des produits à forte valeur ajoutée. Avec un prix moyen à l’importation de 3,4€, la Tunisie se présente comme le pays le plus cher comparé aux fournisseurs asiatiques (1,9€ pour la Chine et 1,3 € pour le Bangladesh) et méditerranéens (1,8€ pour le Maroc, 3,2€ pour la Turquie).
Conséquence : le créneau du tee-shirt représente en Tunisie une niche à fort potentiel de développement, surtout dans les produits haut de gamme.
Cette spécialisation permet de différencier l’offre tunisienne et de diversifier ses marchés. Néanmoins, les experts du Cettex estiment que «cette stratégie se révèlera plus efficace si elle est soutenue par davantage d’investissements en amont à forte valeur ajoutée technologique à même de rehausser la compétitivité des 240 entreprises opérant dans le secteur».
Un mot sur les marchés du tee-shirt tunisien : l’Italie demeure le premier marché du T-shirt tunisien avec une part de 65% des exportations suivie par la France (24%).
Sur les sept premiers mois 2010, le Tee-shirt a repris sa croissance :+12,5% en valeur et +12% en volume par rapport à la même période de 2009. Cette performance est enregistrée, essentiellement, sur le marché italien (+18,9% en valeur) alors que les exportations sur la France tendent à se stabiliser (+3,4% en valeur).
A signaler enfin que près de 240 entreprises opèrent sur le créneau du Tee-shirt et sont majoritairement orientées vers la confection (91%) et l’exportation (83%).