La problématique de l’emploi constituera à n’en pas douter une préoccupation majeure pour les prochaines années. Entre une demande qui croit d’année en année et une offre qui reste encore en deçà des attentes, l’équation devient de plus en plus difficile à résoudre.
Quelques indicateurs reflètent cet état des lieux. Les bureaux d’emploi reçoivent, chaque année, près de 440.000 demandes contre environ 140.000 offres d’emplois. En 2009, le nombre des demandes d’emploi additionnelles se situe aux alentours de 88.000.
Une situation que certains qualifient d’”état d’urgence”, qui nécessite une intervention rapide et efficace. Et une chose est sûre : les programmes d’encouragement à l’emploi des diplômés de l’enseignement supérieur ne suffisent pas à eux seuls à résorber ce nombre croissant des demandes. De même pour les programmes de création d’entreprises puisque le taux de mortalité des nouveaux projets reste encore élevé. Sans douter du bien-fondé de ces programmes, ils sont encore loin de satisfaire les exigences des demandeurs d’emploi.
Des conditions pas toujours adéquates…
Un seul exemple pour étayer ce qui vien d’être dit: le contrat SIVP (Stages d’Initiation à la Vie Professionnelle), qui est devenu une véritable aubaine pour les entreprises privées. Fraîchement diplômé et plein d’enthousiasme, le jeune diplômé n’hésite pas à accepter de travailler avec ce contrat, qui se révèle parfois être une mauvaise expérience. Plusieurs entreprises usent de cet outil pour profiter des incitations fiscales et financières, et plusieurs stagiaires sont contraints de démissionner au bout de quelques mois, à cause de conditions de travail pas toujours adéquates et un salaire très maigre. Certains mêmes se voient licenciés dès la fin de leur contrat puisque – précisons-le il s’agit d’un stage. A d’autres, on propose un contrat CDD (contrat à durée déterminé) à des conditions parfois extravagantes, évitant un second contrat SIVP, qui obligera l’entreprise à recruter le stagiaire.
Pour les programmes de création d’entreprises pilotés par les centres d’affaires et les pépinières d’entreprises, il s’agit d’une autre problématique, celle de l’encadrement et de l’accompagnement que les professionnels estiment insuffisants. Ce qui fait que le taux de mortalité des nouveaux projets reste toujours élevé.
A la recherche d’autres solutions…
Multipliant les mécanismes de financement et les encouragements fiscaux, les autorités ont beaucoup misé la création d’entreprises qui serait une solution au problème du chômage des jeunes diplômés. Il faut dire qu’il y a quelques exemples réussis. Mais s’agit-il encore de renforcer les mécanismes de suivi et d’accompagnement. Dans les centres d’affaires et les pépinières d’entreprises, la formation que le jeune diplômé suit est un premier pas vers le succès mais qui ne suffit pas pour achever le projet à terme. Il s’agit de la gestion au quotidien qui constitue la véritable lacune pour la réussite du projet et qui nécessite un accompagnement minutieux de la part des organes sus indiqués.
En plus de ces programmes, on envisage d’autres solutions. La formation professionnelle devient une alternative à l’enseignement supérieur qui suffoque déjà du nombre croissant d’étudiants. Tout porte à croire que les autorités de tutelle s’atèlent à casser cette image qui faisait de la formation professionnelle le refuge des exclus de l’enseignement supérieur. La formation professionnelle est devenue le garant de l’emploi ; et ses diplômés sont même sollicités à l’étranger.
Cependant, l’arbre ne doit cacher la forêt, en ce sens que l’enseignement en Tunisie, en général, est confronté depuis de nombreuses années à un problème de qualité; une carence vible partout et par tout le monde, notamment dans les langues. Ajoutons à cela la multiplication de filières très pointues et parfois sans avenir.
Il ne reste plus qu’à espérer que les mesures présidentielles promulguées récemment (CMR du 25 août 2010), donnent un nouvel élan à l’enseignement supérieur qui restera toujours garant de la prospérité du pays et de son avancement économique.