Rail : sommet franco-allemand à Berlin pour faire cesser la bataille SNCF-DB

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ésident de la SNCF, Guillaume Pépy, le 18 février 2010 à Paris (Photo : Lionel Bonaventure)

[31/08/2010 06:04:44] PARIS (AFP) Les ministres des Transports français et allemand ont convoqué mardi les présidents de la SNCF et de la Deutsche Bahn (DB) à un dîner destiné à réchauffer les relations entre leurs compagnies des chemins de fer, sur fond d’ouverture européenne à la concurrence.

Le dîner avec le président de la SNCF Guillaume Pepy et celui de la DB Rüdiger Grube, mardi soir à Berlin, doit suivre un entretien classique entre le secrétaire d’Etat français aux Transports Dominique Bussereau et son homologue allemand Peter Ramsauer.

“Il s’agit de lever un peu les ambiguïtés”, a expliqué M. Bussereau à l’AFP: “Les Français reprochent aux Allemands de ne pas avoir fait la séparation des infrastructures, les Allemands reprochent aux Français de ne pas avoir ouvert le trafic régional.”

“Donc, j’emmène Pepy, et on dîne ensuite avec Ramsauer, Grube et Pepy, pour mettre un peu du liant dans les relations entre la DB et la SNCF qui sont à mon avis trop heurtées.” “Il sera question de la concurrence en Europe et d’Eurotunnel”, a-t-on sobrement indiqué du côté allemand.

“C’est une réunion importante compte tenu des synergies ferroviaires entre la France et l’Allemagne, mais elle ne sera pas facile car il y a eu expression de sentiments différents sur la libéralisation des trains régionaux, le +statut de la SNCF+, la séparation des infrastructures en Allemagne et le rôle de l’Europe”, a déclaré M. Pepy à l’AFP.

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à Amsterdam (Photo : Sven Marquardt)

Les griefs sont nombreux entre les deux compagnies nationales, qui pourtant collaborent sur les lignes franco-allemandes. Une bonne partie des dossiers sont d’ailleurs du ressort des gouvernements.

La DB reproche essentiellement aux Français de n’avoir pas ouvert leur marché ferroviaire à la concurrence (alors que le marché allemand l’est). Du coup, la SNCF vient lui prendre des parts de marché pour les lignes régionales sur ses terres, alors que la réciproque n’est pas possible.

Réponse de Paris: rien n’obligeait les Allemands à ouvrir leur marché.

Faute de pouvoir faire rouler ses trains de voyageurs sur les lignes intérieures françaises, la DB aimerait au moins profiter de la récente libéralisation des lignes internationales pour faire rouler ses trains à grande vitesse ICE jusqu’à Londres, via Lille.

Mais les normes de sécurité du tunnel sous la Manche sont telles que seules les rames d’Eurostar (filiale de la SNCF) peuvent l’emprunter. Les Allemands les jugent protectionnistes.

Enfin, on conteste à Berlin le statut d’établissement public industriel et commercial (Epic) de la SNCF qui lui permet de s’appuyer sur une garantie illimitée de l’Etat français pour se financer à des taux bien plus intéressants que ses concurrents.

“Avec ces histoires, l’Allemagne veut attirer l’attention de Bruxelles et faire pression pour obtenir de la Commission un +quatrième paquet ferroviaire+”, une loi européenne libéralisant davantage les chemins de fer, estime-t-on à Paris.

Allemands et Français n’ont d’ailleurs pas la même vision de l'”Europe des chemins de fer”. A Paris, on voudrait notamment qu’une agence européenne unique puisse autoriser les trains à circuler dans tous les pays. Berlin est farouchement contre.

La SNCF, elle, critique essentiellement la DB pour n’avoir pas suffisamment séparé l’activité de transporteur et la gestion des voies ferrées. Ses concurrents risquent d’obtenir de moins bons créneaux de circulation pour leurs trains, pointe-t-elle.

“Espérons que ça se passera mieux qu’avec les Italiens”, glisse un cadre de la SNCF. Car les relations de la SNCF sont au moins aussi exécrables avec la compagnie italienne Trenitalia. Et elles ne se sont pas vraiment améliorées en dépit de la signature d’un armistice à l’Elysée en avril.