Skype et Google dans le collimateur de l’Inde après le répit à BlackBerry

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La page d’accueil de Google. (Photo : Nicholas Kamm)

[31/08/2010 10:22:34] NEW DELHI (AFP) L’Inde a accordé un délai supplémentaire au fabricant du BlackBerry pour sortir de l’impasse concernant l’accès aux données cryptées du téléphone mais c’est au tour de Google et Skype d’être dans le collimateur des services de renseignement.

Les utilisateurs indiens du BlackBerry ont poussé un soupir de soulagement lundi soir après l’annonce par le gouvernement indien d’une prolongation de 60 jours de l’ultimatum fixé au fabricant canadien du Blackberry, Research in Motion (RIM), qui expirait ce mardi.

L’Inde a fait état de progrès dans les négociations concernant l’accès aux données de deux services de messagerie du téléphone ultra sécurisé.

New Delhi, en proie à une insurrection séparatiste au Cachemire (frontière pakistanaise) et à une rébellion maoïste dans de nombreux Etats, demande expressément que les groupes de téléphonie mobile lui permettent l’accès aux flux de communications émanant d’entreprises.

Skype, un service de téléphone et vidéoconférence par internet, et Google, qui utilise une puissante technologie de cryptage pour son service de messagerie électronique Gmail, devraient être les prochains groupes visés par un ultimatum des services de renseignement.

“Les préavis à l’intention de ces entités seront diffusés à partir de mardi et il sera demandé à tous de se conformer à la directive sous peine de devoir fermer leurs réseaux”, a déclaré lundi soir un haut responsable à l’agence Press Trust of India (PTI).

L’Inde a aussi en ligne de mire “des réseaux privés virtuels” qui donnent aux employés un accès sécurisé au réseau interne de leur entreprise lorsqu’ils travaillent en dehors de leur bureau.

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ût 2010 à Bombay (Photo : Indranil Mukherjee)

Un porte-parole de Google, Gaurav Bhaskar, a déclaré à l’AFP que le groupe n’avait pas encore reçu de préavis.

“Une fois que nous l’aurons reçu, le groupe sera en meilleure position pour faire un commentaire sur ce qu’ils attendent”, a-t-il simplement déclaré, ajoutant s’attendre à ce que le service Gmail soit concerné.

RIM, qui compte 1,1 million d’utilisateurs en Inde, a de son côté proposé de mettre en place en Inde un serveur au travers duquel les messages BlackBerry pourront transiter, a déclaré le ministère de l’Intérieur dans un communiqué, sans plus de précisions.

La proposition pour “un accès légal” aux messages pourrait être “rendue opérationnelle immédiatement”, selon le ministère.

Un responsable de RIM a déclaré à l’AFP que le groupe n’avait toutefois pas transigé sur son engagement public à ne pas passer d’accord particulier avec des autorités étatiques pour un contrôle des données du téléphone.

Les analystes ont relevé que d’autres pays sourcilleux sur leur sécurité intérieure, comme la Chine et la Russie, semblaient avoir eu satisfaction sur un accès suffisant de leurs services de renseignement aux communications BlackBerry, même si les accords passés avec RIM ne sont pas connus.

RIM est également confronté à des menaces de blocage de ses services cryptés par les Emirats arabes unis, qui lui ont fixé un ultimatum expirant le 11 octobre, et il est en négociations avec l’Arabie saoudite sur les critères réglementaires permettant au pays de surveiller le contenu des échanges.

Pour le gouvernement indien, une interdiction des services BlackBerry, en majorité utilisés par l’élite et les hommes d’affaires, pourrait provoquer de sérieux problèmes lors des jeux du Commonwealth qui s’ouvrent à New Delhi dans un mois.