L’université du Medef célèbre l’embellie économique avec un optimisme prudent

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ésidente du Medef, le 1er septembre à Jouy-en-josas (Photo : Eric Piermont)

[01/09/2010 17:24:13] PARIS (AFP) L’université d’été du Medef s’est ouverte mercredi dans un climat nettement moins morose que l’an dernier, grâce à une petite reprise économique que sa présidente Laurence Parisot conjure le gouvernement de ne pas casser par des hausses de charges sur les entreprises.

La perspective d’un affrontement social sur les retraites, à quelques jours des grèves et manifestations intersyndicales du 7 septembre, n’a pas troublé les retrouvailles de la famille patronale sur le campus de la prestigieuse école de commerce HEC à Jouy-en-Josas (Yvelines), les chefs d’entreprise s’attendant à un “baroud d’honneur” plutôt qu’au grand soir.

Inaugurant ce rendez-vous annuel de rentrée délibérément tourné vers l’international – il est placé sous le thème de “l’étrangeté du monde, mode d’emploi” -, Laurence Parisot a donné le ton : “nous avons tous le sentiment que nous sommes en train de sortir de la crise, mais nous avons tous aussi le sentiment qu’il y a encore beaucoup d’incertitudes”.

Si la croissance est de nouveau au rendez-vous en France, mais à un rythme bien moins élevé qu’en Allemagne, plusieurs indicateurs laissent craindre que cette croissance va rester durablement molle.

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ée d’ouverture de l’université d’été du Medef, le 1er septembre 2010 à Jouy-en-Josas (Photo : Eric Piermont)

A l’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin croisé sur le campus, Laurence Parisot a confié être “raisonnablement optimiste”. Mais, a-t-elle insisté devant des journalistes, “nous arriverons d’autant plus vite à retrouver le chemin de la croissance que nous n’augmenterons pas les prélèvements obligatoires qui pèsent sur les ménages ou les entreprises”.

Ainsi, alors que le ministre du Budget, François Baroin, estime qu’il faudra trouver dès 2013 de nouvelles ressources fiscales, peut-être “par une hausse progressive de la CRDS”, Laurence Parisot s’y est dit clairement opposée.

Quant aux chefs d’entreprise, ils affrontent des situations contrastées, selon leur créneau d’activité et la taille de l’entreprise.

“Aujourd’hui, on sent une reprise mais notre crainte, c’est qu’elle soit éphémère”, confie Roland Bedouet, qui dirige en Normandie deux sociétés d’exploitation forestière et de scierie. “Ca repart, mais les signaux qui viennent des Etats-Unis ne sont pas très bons, tandis que le chômage reste élevé”, argumente-t-il, se disant “optimiste mais prudent”.

Thomas Chaudron, qui dirige 4D2, une société de second oeuvre du bâtiment, se dit “désormais habitué à une phase d’indicateurs moroses”, tout en étant soulagé que “le gros des plans sociaux” soit “derrière nous”.

Denis Tremeau, président d’Eurenov, une filiale du groupe Caterpillar qui rénove des moteurs et boîtes de vitesse pour de grands donneurs d’ordre (144 salariés en France), se déclare pour sa part “dans l’expectative”. “Je n’ose pas trop me réjouir des petits signes” de reprise, lâche-t-il.

Dans cet entre-deux, les entreprises mondialisées souffrent nettement moins. “Etre présent partout permet d’équilibrer” nos résultats selon “les différentes zones”, relève un cadre supérieur travaillant au siège d’Alcatel à Paris.

Chez Vivendi Mobile, c’est carrément: la crise, connais pas. “Nous sommes dans un secteur avec des taux de croissance très importants”, souligne son directeur des ressources humaines, Philippe Lemasson.

La tension sur le dossier des retraites ne pèse guère sur le moral des patrons. “Il y a un décalage entre les instances syndicales nationales et les syndicats en entreprise, d’abord préoccupés par l’emploi là où ils travaillent”, note Jean-Marie Reisser, président de Performance Conseil.

Quant au Pdg d’Eurenov, il “pense que ça ne dégénérera pas”. Mais “qu’il y ait un baroud d’honneur, c’est compréhensible”, complète-t-il.