Le tourisme d’aujourd’hui n’est plus le tourisme d’hier. Cette activité a connu
beaucoup de changements. Toutes les destinations touristiques du monde
s’emploient, actuellement, à s’adapter aux nouvelles tendances. Celles-ci sont
perceptibles à travers une offre de plus en plus individualisée, un rôle
croissant du net dans les réservations et le Last minute généré par l’Open sky.
La Tunisie, destination touristique confirmée, est consciente de l’ensemble de
ces nouveaux défis. Les pouvoirs publics ont commandé, à cet effet, “une étude
stratégique sur le développement du secteur touristique à l’horizon 2016”.
L’objectif est d’explorer de nouvelles pistes devant aider les professionnels du
tourisme à s’adapter aux nouvelles exigences de la clientèle.
Elaborée par le bureau international de consulting “Roland Berger”, l’étude
s’articule autour de trois phases : le diagnostic, la définition de la stratégie
à mettre en œuvre pour le développement du secteur et l’élaboration d’un plan
d’actions à cette fin.
L’état des lieux
L’étude relève qu’en dépit de son savoir faire confirmé, le tourisme tunisien
souffre de plusieurs insuffisances : forte saisonnalité (produit essentiellement
balnéaire, pic d’activités entre mai et octobre), offre d’hébergement peu
diversifiée (principalement hôtelière et vieillissante) et forte concentration
sur les tours opérateurs.
Talon d’Achille du secteur : la promotion. Le diagnostic montre un déficit
d’image et un marketing peu compétitif par rapport à la concurrence.
A titre d’exemple, le budget global consacré à la communication en Tunisie est
estimé, pour 2009, à 27 millions d’euros, alors qu’il est deux fois plus élevé
au Maroc (49 millions d’euros) et 4 fois plus élevé en Turquie (82 millions
d’euros).
Les esquisses des stratégies à suivre
Pour relancer le secteur sur de nouvelles bases, l’étude recommande d’agir sur
quatre plans : l’amélioration de l’offre, la stimulation de la demande, le
renforcement de la compétitivité et la durabilité du secteur.
Au rayon de l’amélioration de la qualité globale de l’offre, l’étude suggère de
diversifier les produits, filières et modes d’hébergement.
Une attention particulière est à prêter à une communication focalisée sur les
produits innovants, la promotion de l’animation, la mise à niveau de l’offre, la
révision des normes actuelles de classement et des mécanismes de contrôle et
d’incitation (bonus/malus).
Vient ensuite la stimulation de la demande. A ce sujet, l’étude recommande la
mise au point d’une stratégie de marque du produit touristique local et de ses
composantes, l’adoption de plans marketing ambitieux, le développement du
tourisme intérieur, la consolidation du positionnement sur les marchés de
proximité et le renforcement de la présence sur le Net.
Dans la perspective d’inscrire le secteur touristique dans la durée, la même
étude propose un ensemble d’actions : adaptation de la gouvernance touristique
aux nouvelles exigences du secteur, refonte du modèle de formation et
intégration des problématiques de développement durable dans les stratégies
futures.
Les chantiers à mettre en route
L’étude a eu le mérite d’accompagner ces projets de stratégies par des actions
concrètes présentant à leur tour l’avantage d’être budgétisées et échelonnées
sur une période bien déterminée (juillet 2010-décembre 2016).
L’ensemble de ces actions se déclinent en cinq axes stratégiques touchant à la
diversification et l’innovation de l’offre, la promotion et le marketing, le
développement du cadre institutionnel, la restructuration de la situation
financière du secteur et le passage à un tourisme web compatible.
Concrètement, une vingtaine d’actions prioritaires et près de 160 mesures ont
été identifiées. Les efforts seront axés sur le développement de la charte de
qualité “Jasmin”, l’encouragement de l’innovation (institutionnaliser
l’accompagnement des projets innovants, réaménager les zones touristiques) et la
diversification des types d’hébergement touristiques (favoriser le développement
de nouveaux modes d’hébergement : maisons d’hôtes, campings).
Côté promotion, l’intérêt sera porté à l’intensification des partenariats
aériens, l’adoption d’une approche marketing par pays (engager des campagnes de
communication ciblées, adopter une nouvelle approche marketing en fonction des
marchés…), la mise au point d’une nouvelle politique événementielle (création
d’un évènement de portée internationale en lien avec les richesses touristiques
de la Tunisie) et la diversification des sources de financement.
La modernisation du cadre institutionnel est l’autre chantier à entreprendre.
Il sera procédé à la signature d’un “pacte stratégie 2016”, une sorte de
synthèse des résultats des études élaborées au cours des dernières années sur le
secteur.
Autres actions à mener dans ce domaine: la réorganisation du dispositif
institutionnel, la mise en place d’une structure projet (création d’une cellule
“projets et suivi de la vision 2016” au sein du ministère du Tourisme) et la
refonte de la formation professionnelle touristique (adaptation de la formation
aux nouveaux besoins du secteur).
La restructuration de la situation financière du tourisme tunisien figure
également parmi les mesures à engager dans l’avenir. Les efforts seront
concentrés sur une évaluation de la santé financière des établissements
hôteliers et la réhabilitation des unités en difficulté.
Quant à l’enjeu d’adapter le tourisme aux nouvelles exigences de la clientèle
(réservation sur le Net…) et d’intensifier, à cet effet, l’utilisation des TIC,
le plan d’actions prévoit la refonte du site de l’Office national du tourisme
tunisien (ONTT) (reconstruire le site Internet de l’ONTT autour de 3 espaces :
Intranet, Extranet et grand public), la mise en place de l’E-gouvernance et la
consolidation de la formation dans E-tourisme (planifier des cycles de formation
du tourisme en ligne) au sein des écoles hôtelières).
Il s’agit également de réaliser le programme “Archipel” de référencement pour
améliorer le référencement des mots clés du patrimoine touristique tunisien.
L’ensemble de ces actions ne manqueront pas de contribuer à la réalisation des
objectifs fixés par le programme présidentiel pour le prochain quinquennat.
La finalité est de se rapprocher de l’objectif de 10 millions de touristes par
an, de générer des recettes d’une valeur de 5.365,7 millions de dinars, de
réaliser un taux d’occupation de 54,3 pc et d’atteindre 260.300 lits à l’horizon
2014.
En attendant, le tourisme tunisien, érigé en activité stratégique, gère une
capacité d’hébergement globale de 250.000 lits, contribue à hauteur de 7% au
PIB, fournit près de 400.000 emplois directs et indirects, et compense,
partiellement, par des recettes en devises par an (20% du total) le déficit de
la balance commerciale.
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