Obligations d’Etat : “une bulle est en train de se créer”, met en garde Jouyet

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ésident de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) Jean-Pierre Jouyet, le 12 novembre 2009 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[02/09/2010 13:47:43] PARIS (AFP) Le président de l’Autorité des marchés financiers (AMF) Jean-Pierre Jouyet s’est inquiété jeudi sur BFM Radio de l’engouement des investisseurs pour les obligations d’Etat, estimant qu’une “bulle” était “en train de se créer”.

“Il y a un paradoxe: vous restez avec des niveaux d’endettement d’Etat qui sont extrêmement forts, et jamais l’orientation des placements sur les titres fixes, compte tenu de l’aversion au risque qui existe sur les actions, n’a été aussi élevée”, a expliqué M. Jouyet.

“Ca veut dire (…) que c’est une bulle qui est en train de se créer”, “qu’il y a un problème de niveau des taux longs”, a-t-il ajouté.

Les taux obligataires des pays les mieux notés (triple A) évoluent depuis plusieurs semaines à des niveaux excessivement bas et parfois record, comme le Bund allemand à 10 ans qui sert de référence en zone euro, dont le rendement a atteint mardi son plus bas niveau historique, à 2,112%.

Les taux américains et français à 10 ans évoluent eux autour de 2,5%.

Pour le président de l’AMF, cette situation pourrait conduire les Etats dont les taux d’emprunt baissent fortement à relâcher leurs efforts pour réduire leur endettement.

“Les Etats, qui restent très endettés, vont avoir des possibilités de se financer de moins en moins cher: pourquoi voudriez-vous qu’ils arrêtent brutalement ? C’est un vrai sujet”, a-t-il estimé.

Les “situations de risque se retournent vite”, a-t-il poursuivi, rappelant que “cinq mois auparavant, on voyait la Grèce et l’ensemble de la zone euro au bord de la faillite”.

Depuis, les investisseurs ont manifesté des craintes à l’égard de la solidité de la reprise américaine, ce qui les a incités à se replier vers les obligations souveraines les mieux notées considérées comme des valeurs-refuges.

Le bas niveau des taux constitue une aubaine pour les Etats, qui se financent à moindre coût, mais certains analystes jugent les niveaux atteints en décalage avec la réalité économique et révélateur du pessimisme des investisseurs, qui n’ont plus confiance dans les marchés boursiers.