Tunisie-MENA : le secteur privé et les gouvernements doivent mieux faire (1)


mena-03092010-art.jpgDes progrès, les pays de la région MENA (Middle East and North Africa) en ont
fait en matière économique au cours des trois dernières décennies, constate un
rapport de la Banque mondiale. Dont les auteurs demandent aux opérateurs privés
et aux pouvoirs publics de faire plus et mieux en matière de réformes et
d’engagement.

40 millions. C’est le nombre d’emplois que les pays d’Afrique du Nord et du
Moyen-Orient
devront créer au cours de la prochaine décennie pour répondre à la
demande d’une population active jeune et de plus en plus éduquée cherchant «des
opportunités pour utiliser ses compétences et créativité», analyse un récent
apport de la Banque mondiale intitulé «From privilege to competition : Unlocking
Private-Led Growth in the Middle East and North Africa» (Du privilège à la
compétition : débloquer la croissance tirée par le secteur privé au Moyen-Orient
et en Afrique du Nord).

Par ce rapport, réalisé par un groupe d’experts, sous la houlette de M. Mustapha
Kamel Nabli, ancien chief Economist pour la région
MENA (Middle East and North
Africa), la Banque mondiale a voulu un message aux acteurs de la vie économique
–secteur privé et gouvernements- dont dépend le fait que le défi de l’emploi
soit relevé ou pas. Un message pour leur dire qu’ils ont beaucoup fait sur la
voie des réformes devant permettre d’améliorer la capacité des économies de
cette région à produire des emplois, mais qu’il leur restait autant à faire.

L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient s’étant désengagés au cours des trois
dernières décennies du modèle d’une croissance tirée par l’Etat, il est clair
que les emplois à créer devront l’être par le privé. Ce secteur joue déjà un
rôle essentiel dans les économies des pays de cette région ayant connu une
croissance forte sur de longues périodes. Il pourrait même, en devenant plus
dynamique, «contribuer à une intégration économique accrue de la région».

Mais le privé sera-t-il capable d’être le moteur de la croissance économique,
s’interroge les experts de la Banque mondiale ? Certains, sceptiques, en
doutent. Mais d’autres soutiennent le contraire, mais pensent qu’il ne peut pas
tout faire seul.

Certes, une partie de la responsabilité lui incombe. Les auteurs du rapport de
la Banque mondiale démontrent que «dans plusieurs pays, le secteur privé
dominant –privilégié par les politiques passées et les distorsions restantes-
est rarement un agent du changement, et tend à défendre le statu quo».

En effet, selon l’étude le privé «n’a pas été, dans la plupart des pays de la
région MENA
, une voix forte et unifiée pour les réformes», à la différence des
«chercheurs de rente» qui se sont plus fait entendre dans la promotion de la
protection et du statu quo».

Aussi, les experts de
la Banque mondiale suggèrent-ils, à l’instar de Shamshad
Akhtar, vice-président de la Banque mondiale pour la région MENA, que «de
nouvelles générations d’entrepreneurs, plus ouverts à la compétition, aux
exportations et à l’innovation, ont besoin d’exprimer leurs intérêts de manière
plus visible». Et, à cet effet, «ont besoin d’être mieux organisés, plus
(inclusive), plus créatifs et plus dynamiques en vue de devenir un partenaire
crédible des gouvernements».

(à suivre)