France : les petites lignes de train menacées, faute de moyens

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ées dans la gare de triage de Miramas (Bouches-du-Rhône) (Photo : Gerard Julien)

[03/09/2010 08:15:46] PARIS (AFP) Les fonds manquant pour entretenir convenablement le réseau de chemins de fer français, il va falloir faire des choix et peut-être fermer une partie des “petites lignes” qui ne voient passer que très peu de trains.

Hubert du Mesnil, le président de Réseau ferré de France (RFF), avait tiré la sonnette d’alarme en mai, devant la commission des finances de l’Assemblée nationale: “L’avenir de certaines lignes reste menacé; jamais on n’aura les moyens de les maintenir en bon état, étant donné leur faible niveau d’utilisation”.

“Avec un réseau où il y a de moins en moins de trains et qui coûte de plus en plus cher à entretenir, on se fait du souci”, a-t-il expliqué à l’AFP.

Si un ambitieux programme de rénovation a bien été mis en oeuvre ces dernières années, les ressources du gestionnaire public des voies ferrées françaises ne suffiront pas, d’autant qu’il est très lourdement endetté.

Et ce alors que certaines régions ont déjà rajouté au pot, comme l’Auvergne et Midi-Pyrénées.

D’où la tentation de regarder une carte des circulations: elle est édifiante. De très nombreuses lignes, généralement rurales, sont quasiment désertées.

“Il y a 3.000 ou 4.000 km vraiment à problème, sur un réseau de 30.000 km”, note le patron de RFF. Le seuil d’alerte a été fixé à dix trains par jour.

Faut-il s’en débarrasser et transporter les voyageurs en car, pour concentrer les moyens disponibles sur les sections les plus fréquentées?

Cette perspective peut surprendre, alors que le Grenelle de l’environnement a fait du rail une priorité nationale.

“On ne cherche pas à fermer des lignes! Notre métier, c’est de les exploiter”, insiste Hubert du Mesnil. “Mais on est parfois affligés de voir que des lignes sont à bout de souffle alors que nous manquons de moyens pour les entretenir”.

“Il est de la responsabilité de RFF de débattre de leur avenir”, conclut-il. D’où l’idée d’un audit qui passerait en revue le potentiel de développement du trafic régional et du fret, prendrait en compte le bilan carbone, les impératifs d’aménagement du territoire, etc.

Dans l’entourage du secrétaire d’Etat aux Transports Dominique Bussereau, on juge cette préoccupation légitime.

La SNCF, qui exploite la quasi-totalité des trains menacés, “n’est pas responsable de la consistance du réseau”, rappelle son président Guillaume Pepy.

“Pour la consistance du réseau ferroviaire, comme celle du réseau routier, on parle du degré de maillage du territoire. C’est une question politique, et je ne serai pas partie prenante à ce débat-là”, estime-t-il.

Les regards se tournent donc vers les Régions, qui organisent –et subventionnent– les TER. Et craignent d’être davantage sollicitées pour “sauver” des lignes.

“Dans l’état actuel des choses, RFF ne peut pas compter sur les Régions pour se substituer au rôle de l’Etat”, souligne le président (PS) du conseil régional des Pays-de-la-Loire, Jacques Auxiette, le “monsieur trains” de l’Association des régions de France (ARF).

“Ce n’est pas leur responsabilité et, de toute façon, elles n’en ont plus les moyens car on leur a supprimé toute ressource fiscale directe”, a-t-il ajouté, estimant que c’est au Parlement de se saisir du problème.

“Cela dit, quand il n’y a personne dans les trains et que la voie nécessite des investissements énormes, je ne suis pas dans une logique dogmatique. Mais avant de supprimer une voie et de transférer le trafic sur la route, il y a une vraie réflexion à mener”, juge l’élu.

Dans le pire des cas, les petites lignes deviendraient des “voies vertes” (des pistes cyclables). A défaut de les fermer, on pourrait aussi moduler le degré d’entretien en fonction du trafic, glisse un proche du dossier.