Le Brésil, terre de reconquête pour les grandes entreprises françaises

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à Rio de Janeiro le 30 avril 2010 (Photo : Vanderlei Almeida)

[03/09/2010 08:28:54] PARIS (AFP) Les grandes entreprises françaises redécouvrent le Brésil, l’une de leurs terres de conquête traditionnelles, oubliée il y a une trentaine d’années mais récemment redevenue irrésistible avec son essor économique et son marché de près de 200 millions d’habitants.

“Le Brésil a été historiquement un +eldorado+ pour les groupes français, jusqu’à la crise de la fin des années 1980”, rappelle Yann Lacroix, responsable des études sectorielles chez l’assureur-crédit Euler Hermes SFAC. “Depuis le début des années 2000, il est en train de le redevenir”.

De fait, si certains grands noms de l’industrie française sont installés depuis longtemps dans le plus vaste pays d’Amérique latine, comme le chimiste Rhodia, présent depuis 1919, ou Danone, implanté depuis 1970, le mouvement s’est nettement accentué depuis une dizaine d’années.

“Jusqu’en 2001/2002, le Brésil subissait une crise économique et financière tous les trois ou quatre ans. Depuis dix ans, le pays a changé de manière fondamentale; on est face à une transformation extrêmement spectaculaire”, juge Bruno Vanier, directeur de gestion chez Edmond de Rothschild Asset Management.

Le Brésil apparaît donc logiquement aujourd’hui comme un marché d’avenir pour des groupes aussi différents que Vivendi, qui a fait l’acquisition fin 2009 de l’opérateur de téléphonie et d’internet GVT, la coopérative sucrière Tereos, qui y a acheté une nouvelle usine de canne à sucre en mai, ou CNP Assurances, qui y voit “une sorte de havre dans lequel les problèmes que (le groupe rencontre) par ailleurs n’existent pas”.

Derniers exemples en date: le groupe de service informatique Capgemini, qui a mis sur la table 500 millions d’euros pour prendre par étapes le contrôle du numéro un local du secteur, CPM Braxis; et GDF Suez, qui vient de signer un accord de partenariat avec l’électricien public Eletrobras.

Avec la Russie, l’Inde et la Chine, le Brésil forme ces fameux “Bric”, les pays émergents “préférés” des industriels, portés par des taux de croissance élevés et le développement de marchés intérieurs potentiellement très importants.

Le pays, qui a enregistré une croissance de son produit intérieur brut de près de 10% au premier trimestre, suscitant même des craintes de surchauffe, devrait “revenir vers des taux de croissance de 4 ou 5%”, souligne Yves Zlotowski, chef économiste de l’assureur-crédit Coface.

Sorti presque indemne de la crise économique – son PIB est resté quasi stable en 2009 -, le pays profite d’un niveau de richesse par habitant largement supérieur à celui des autres Bric, rappelle également M. Lacroix.

“C’est un pays en train de découvrir le crédit à la consommation et qui créé beaucoup d’emplois”, note de son côté M. Vanier.

De quoi attirer l’attention des groupes étrangers, et notamment français, toujours soucieux de trouver des relais de croissance quand la reprise américaine ou européenne apparaît plus faible et plus fragile.

LVMH, qui y a acquis en juillet un site de vente en ligne, décrit le pays comme “un marché à haut potentiel pour les produits de luxe et le marché de la beauté”. Le Brésil est déjà devenu un des dix marchés les plus importants du groupe pour le champagne.

“Le Brésil vit un moment magique sur le plan économique”, résumait en mai le président Luiz Inacio Lula da Silva.

Cerise (symbolique) sur le gâteau: le pays accueillera la coupe du monde de football en 2014, et les Jeux Olympiques en 2016, avec d’importantes retombées économiques à la clef.