L’industrie nautique française a passé le pire mais reste prudente

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Une vue du port de Cannes lors d’un salo de plaisance le 9 septembre 2009. (Photo : Valery Hache)

[04/09/2010 07:42:52] PARIS (AFP) Les fabricants français de bateaux de plaisance pensent voir le bout du tunnel après avoir été frappés de plein fouet par la crise, mais restent prudents à la veille des salons d’automne où ils espèrent constater un début de reprise.

Après avoir connu des années fastes, le secteur avait enregistré un recul de 40% à 50% de son marché au plus fort de la crise, lorsque les clients remettaient à des jours meilleurs l’achat d’un bateau.

Mais le pire semble désormais passé. Les professionnels notent “une tendance à la stabilisation du marché”, selon Yves Lyon Caen, vice-président de la Fédération des industries nautiques (FIN) et président du conseil de surveillance de Bénéteau, principal constructeur français.

Les immatriculations de bateaux neufs en France ont en effet commencé à se stabiliser, avec une baisse beaucoup moins importante: -3,7% en 2009/2010 contre -17,4% un an auparavant.

De même, “on est dans un monde qui se stabilise, avec des plus et des moins” selon les régions, a observé M. Lyon Caen. Les Etats-Unis restent très déprimés mais l’Asie – Chine, Thaïlande, Malaisie, Philippines – se montrent dynamiques.

“Les prises de commandes se sont améliorées et donc on peut considérer que les chiffres d’affaires de l’année prochaine devraient être en croissance. C’est dans ce sens que le pire est passé”, juge Laurent Vallée, analyste chez Portzamparc.

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à Monaco lors d’un salon en septembre 2009. (Photo : Valery Hache)

Autres signes positifs: le niveau des stocks est très bas chez les constructeurs et les ventes de moteurs – souvent promesses de ventes de bateaux à venir – progressent. La situation des sous-traitants, plus touchés par la crise encore que les constructeurs, est aussi redevenue beaucoup plus favorable.

Les dirigeants de l’industrie française se montrent toutefois très prudents avant la saison des salons d’automne, où se fait traditionnellement une part importante des ventes de bateaux.

“Si la saison 2010/2011 semble s’ouvrir sur une tonalité encourageante, l’enjeu constitué par les salons d’automne s’avère, plus que jamais, particulièrement déterminant”, note la FIN.

“Le gros enjeu va être les mois de septembre à décembre, jusqu’au salon nautique de Paris”, confirme Laurent Vallée.

Le festival de la plaisance de Cannes (8-13 septembre) et le Grand pavois de La Rochelle (15-20 septembre) joueront ainsi le rôle de thermomètres du secteur en France. Tout comme les grands salon étrangers, de Southampton (Grande-Bretagne) à Gênes (Italie).

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és sur le site de Bénéteau, le 10 avril 2009. (Photo : Frank Perry)

A Cannes, plutôt axé sur les bateaux à moteur et haut de gamme, la tendance est désormais à “un luxe moins ostentatoire” et à des bateaux un peu moins grands, remarque l’organisateur Jean-Daniel Compain.

On sent “un très léger frémissement” sur le marché, ajoute-t-il.

Si le pire semble donc passé, la crise a aussi mis en évidence les faiblesses du secteur.

“2009/2010 est une année qui a été extrêmement difficile pour les entreprises les plus vulnérables, celles qui ont été +impactées+ (affectées) par la crise et ont connu une phase de transition très difficile avec parfois des accidents sévères”, note M. Lyon Caen.

Ainsi, Poncin a été contraint de se recentrer sur certaines niches haut de gamme après une période sauvegarde. Les yachts Couach ont été repris l’an dernier après avoir été placés en redressement judiciaire.

Le secteur réfléchit désormais à la façon de rendre ses entreprises plus solides. La FIN va organiser en novembre des réunions avec ses adhérents pour réfléchir au “renforcement des fonds propres d’un certain nombre d’entreprises”, indique son président Jean-François Fountaine.