ésident de la banque centrale allemande, Axel Weber, le 9 mars 2010 à Francfort (Photo : Torsten Silz) |
[04/09/2010 07:45:08] FRANCFORT (Allemagne) (AFP) Le patron de la Bundesbank Axel Weber se retrouvait victime collatérale de l’affaire Sarrazin en Allemagne, certains l’accusant de mollesse, sans que son avenir à la présidence de la Banque centrale européenne (BCE) semble menacée.
La banque centrale allemande a annoncé jeudi que son directoire avait décidé de demander au président de la République allemande Christian Wulff l’éviction de Thilo Sarrazin, qui multiplie les propos jugés racistes et antisémites jusque dans un livre publié en début de semaine. Une première dans l’histoire de l’institution, fondée en 1958, qui a attisé les critiques.
Pour les quotidiens économiques Financial Times Deutschland et Handelsblatt, M. Weber a trop tardé à réagir, donnant l’impression d’être à la traîne des politiciens qui ont unanimement crié au scandale. Loin de prouver sa fermeté, il “est apparu passif et sensible aux recommandations des politiciens”, écrivait le FTD.
“Ces turbulences ont révélé son manque d’intuition politique et ses mauvais nerfs”, renchérissait le Handelsblatt, qui lui reprochait de n’avoir jamais pris publiquement ses distances avec les propos de M. Sarrazin.
ésente son pamphlet controversé “L’Allemagne court à sa perte” à Berlin le 30 août 2010. (Photo : John Macdougall) |
Pour le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung, M. Wulff et la chancelière conservatrice Angela Merkel “ont transformé un bastion d’indépendance en receveur d’ordres”, jugeant par ailleurs la réponse apportée au cas Sarrazin “disproportionnée”.
Mais à un peu plus d’un an de la succession de Jean-Claude Trichet à la présidence de la BCE, M. Weber, 53 ans, n’avait sans doute d’autre choix que de se délester de ce personnage encombrant, qui s’il fait recette sur les plateaux de télévision peut lui nuire à l’étranger, selon des analystes financiers généralement réticents à commenter cette affaire “politique”.
“Il a fait ce qu’on attendait de lui”, estimait Thorsten Polleit de Barclays Capital, jugeant que les derniers événements ne porteront pas tort à M. Weber hors des frontières allemandes.
Une opinion partagée par le professeur d’économie à l’Université libre de Berlin, Irwin Collier, qui soulignait que M. Weber savait “que sa cote (dans la course à la BCE) dépendait d’Angela Merkel et du gouvernement en place”, qu’il ne doit pas décevoir.
ère allemande Angela Merkel et le présdient de la Bundesbank Axel Weber à Berlin le 16 décembre 2009. (Photo : Michael Gottschalk) |
“Il a par dessus tout besoin du soutien du gouvernement, et ce soutien n’a pas varié, bien au contraire”, soulignait également Carsten Brzeski, économiste chez ING, estimant que M. Weber était “bien plus pragmatique que ne le croient certains acteurs du marché”.
Mme Merkel s’est empressé dès jeudi de soutenir son poulain officieux, faisant part de son “grand respect” pour la décision prise par les banquiers centraux concernant M. Sarrazin, tandis que l’un des porte-parole du gouvernement soulignait une nouvelle fois vendredi “l’indépendance” de la Bundesbank.
Selon certains diplomates européens à Bruxelles, c’est davantage l’opposition affiché publiquement fin mai par M. Weber à la décision de la BCE de racheter la dette publique des pays en difficulté de la zone euro qui pourrait lui porter préjudice auprès de certains Etats, inquiets de son intransigeance.
à sa perte” de Thilo Sarrazin. (Photo : John Macdougall) |
Mais d’ici le début du processus de décision, “les gens auront oublié”, estimait Carsten Brzeski, rappelant que “ce sont les chefs d’Etat qui décident”.
L’année prochaine, M. Weber pourra se targuer “d’une économie encore plus florissante”, poursuivait l’analyste, qui voyait mal comment la France “dont les finances publiques risquent plutôt d’empirer” pourrait refuser son soutien à Berlin.