Michel Lucas seul aux commandes du Crédit Mutuel

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à l’Elysée le 1er octobre 2009. (Photo : Gerard Cerles)

[06/09/2010 15:28:45] PARIS (AFP) Michel Lucas, intraitable en affaires et peu doué pour les mondanités, se retrouve seul maître à bord du réseau mutualiste Crédit Mutuel après la démission surprise du président, le très discret Etienne Pflimlin, dans l’ombre duquel il a bâti un poids-lourd européen.

“J’ai décidé, pour des raisons personnelles, de mettre fin à mes fonctions en tant que président de la Confédération nationale du Crédit Mutuel, ainsi que de la Fédération du Crédit Mutuel Centre Est Europe”, écrit M. Pflimlin, bientôt 69 ans, dans une lettre adressée aux salariés de la banque.

Ce polytechnicien et énarque avait été nommé à la tête de la banque mutualiste en 1987, trois ans seulement après y être entré.

Il quittera la présidence le 14 octobre, au lendemain de l’assemblée générale confédérale, deux ans avant la fin de son mandat.

Grand, élancé, cet homme d’une grande discrétion cumulait la direction de la plus importante fédération du groupe mutualiste, le Crédit Mutuel Centre Est Europe, et la direction confédérale du réseau.

Fils de l’ancien maire de Strasbourg et cousin du président de France Télévisions, il propose de confier les rênes du groupe à Michel Lucas, son directeur général, entré au Crédit Mutuel il y a plus de 30 ans en qualité d’informaticien, et qui lui a fait prendre de l’avance sur le plan technologique, dans la banque à distance puis dans les cartes de paiement.

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à l’Elysée. (Photo : Olivier Laban-Mattei)

Surnommé le “requin blanc” en raison de sa chevelure blanche comme de son aptitude à croquer ses proies au moment où ses concurrents s’y attendent le moins, M. Lucas, 71 ans, devrait normalement quitter son poste dans un an, son mandat expirant en 2011.

Peu amène avec les journalistes, mais de facto à la tête du premier groupe de presse quotidienne régionale (Ebra, dont le Crédit Mutuel possède pour le moment 49%), ce gros fumeur de cigares est aussi craint qu’admiré. En témoigne le succès de la “choucroute fédérale” qui a lieu chaque année à Strasbourg et à laquelle se pressent les quelque 6.000 sociétaires de la banque mutualiste.

“Au cours du quart de siècle écoulé, le Crédit Mutuel a connu de profondes évolutions”, poursuit M. Pflimlin, qui se dit “fier” du travail accompli.

Acquisition du CIC en 1998, rachat comptant, en pleine crise financière, des activités de crédit à la consommation de Citigroup en Allemagne, création d’une banque en Espagne: sous leur tutelle, le groupe fondé en Alsace à la fin du XIXe siècle a changé de dimension.

La deuxième banque de détail française, qui a fait preuve d’une résistance remarquable pendant la crise, s’est également diversifiée, développant une activité d’assurance, de crédit à la consommation (Cofidis), de téléphonie mobile (en partenariat avec NRJ Mobile).

L’annonce de la démission de M. Pflimlin a pris tout le monde de court et le milieu bancaire se perdait en conjectures lundi. A deux ans de la fin de son mandat, l’homme, “en pleine forme” aux dires d’un banquier qu’il l’a vu récemment, n’avait jamais fait part de son désir de prendre du recul.

“Je suis surpris. Je fais partie du conseil de surveillance du CIC et à aucun moment, cette décision n’a été évoquée, ni directement ni indirectement”, confirme Jean-Claude Martinez, délégué syndical FO.