5,5 milliards d’euros : voilà ce que vaut le marché halal en France en l’an 2010
selon l’Institut Solis. Il s’agit d’un potentiel de consommation qui dépasse de
quatre fois celui du marché bio, qui a connu une tendance à la hausse ces
dernières années. Considéré jusque là comme peu rentable, aujourd’hui, le halal
lève le voile, s’affiche et s’impose avec un rythme de croissance annuelle de
15% : le voilà devenu le nouveau négoce juteux en France.
En ce début du mois de Ramadan, la distribution des produits halals connaît une
ascension remarquable dans les rayons des magasins et des grandes surfaces. Pour
une cible de près de 5 millions de musulmans en France, le marché du halal
devient des plus alléchants. Les commerçants du secteur ont compris l’enjeu
ainsi que le potentiel du marché et se sont engagés dans une course à la
notoriété.
Qu’est-ce donc le halal ? Pourquoi le marché halal a-t-il connu une montée en
flèche ces dernières années en France ? Lumières.
Un peu à l’image de tout nouveau produit ou plutôt à l’image de ceux qui
l’adoptent, l’alimentation rituelle musulmane, autrefois marginalisée, gagne du
terrain aujourd’hui. Du terrain français bien sûr, pour être plus précis. Avec
une communauté musulmane estimée entre 5 et 6 millions, le marché existe. Et le
commerce n’est plus l’affaire des musulmans seulement. Des enseignes
commerciales françaises ont flairé le bon filon. Aux airs un peu timides, la
promotion des produits «halal» -devenus superbement concurrentiels- prend
aujourd’hui de plus en plus de couleurs et s’affiche «fièrement».
Diversification, promotion, concurrence, le marché «halal» fait sa ruée vers
l’or.
Le halal en Islam et en commerce
Dans l’Islam, le mot halal signifie le permis, le licite et définit ainsi ce qui
est permis aux musulmans. Le terme s’explique de même dans un autre domaine :
l’alimentaire. Une définition commerciale s’impose alors et qui diffère de celle
religieuse. Car halal est devenu, commercialement, une marque de qualité
pratiquée sur les produits alimentaires à usage de consommation musulmane. En
France, il existe des organismes d’authentification ou de certification halal.
Les entreprises opérant dans le secteur du halal doivent, pour ainsi, garantir
la qualité de leurs produits, faire appel à ces organismes. Aussi, l’entreprise
en question peut s’adonner à des négociations avec l’organisme de certification
en ce qui concerne les conditions de marquage des produits halal. Et parce que
les organismes d’authentification sont des entreprises privées, il n’y a pas
place aux référentiels indiscutables.
Bien entendu, il y a lieu de préciser un consensus qui soutient que la viande
soit du porc ou que les produits ne contiennent pas d’alcool par exemple.
Le halal s’affiche
C’est une grande partie à laquelle se livrent les grandes enseignes spécialisées
dans le halal. Les deux champions en sont : Isla Délice* et Réghalal ayant
décidé de sortir la grande artillerie en matière de communication. Avec des
slogans tels que «fièrement halal», aujourd’hui le halal s’affiche à travers des
centaines de panneaux publicitaires et à coups de millions d’euros. Les
industriels alimentaires du secteur sont passés cette année à la vitesse
supérieure en mettant en place des campagnes marketing toutes dents. Le secteur
gagne de plus en plus en légitimité et cela profite généreusement aux enseignes
qui en ont fait une spécialité. Aujourd’hui, en France et contrairement aux
hypermarchés de renom, des petits magasins spécialisés dans la distribution de
produits «halal» ont ouvert leurs portes et trouvent grand public. Et
contrairement aux idées reçues et aux étiquettes, la tranche des consommateurs
des produits halal n’est plus limitée à la communauté musulmane. Conscients des
vertus scientifiques de la consommation halal, les non musulmans ont adopté les
produits «halal». Le marché n’aura donc de cesse de se développer et des marques
sont en vue d’être créées.
Cependant comme tout nouveau commerce et tout nouveau secteur économique, le
marché halal sera, sinon est sujet à quelques fraudes et contrefaçons. Avec une
part de 10 à 15% du marché national, une bonne partie des chefs de la communauté
musulmane ainsi que des experts français estiment qu’une tranche majoritaire de
l’ordre de 90 à 95% de la viande vendue dans des boucheries halal n’est pourtant
pas halal. Certains expliquent ces opérations frauduleuses comme un moyen pour
ceux qui les pratiquent pour se faire de l’argent. Car, disent-ils, «tout le
monde sait que l’Islam rapporte de l’argent». L’étiquette «halal» fait donc
vendre et fait faire des bénéficies colossaux à ceux qui l’adoptent.
Dans le même sillage, le problème de la fausse viande halal est devenu du
ressort de la problématique nationale. En effet, le label «halal» est soumis à
la loi française interdisant la tromperie du consommateur en lui vendant un
produit n’étant pas conforme à l’étiquette qu’il porte. Puis, en somme, le
négoce halal permet à ces opérateurs de brasser des fonds faramineux, donc la
fraude est indispensable et il convient impérativement de mettre en place des
règles spécifiques à ce commerce avec des normes de contrôle strictes.
Le halal, gare à l’arnaque !
Comme toute niche brassant des fonds colossaux, le négoce halal est en proie à
l’arnaque, toute simple : faire croire à un produit halal alors qu’il ne l’est
pas. Et selon un sondage établi par l’IFOP (Institut Français d’Opinion
Publique) sur la consommation halal et intitulé : «Les personnes d’origine
musulmane et la consommation halal», 68% des consommateurs de viande halal,
pensent que c’en est pas une.
Cette tranche de clientèle est parfaitement consciente de la flouerie derrière
l’inscription «halal». Il demeure difficile, en effet, de pouvoir vérifier la
crédibilité de la fameuse étiquette halal : ni de visu ni de flair. Cela étant,
ces mêmes consommateurs (68%) affirment, toujours selon le même sondage, qu’ils
se suffisent de la simple étiquette «halal» pour consommer cette marchandise
sans aller plus loin dans la certitude.
D’ailleurs, cette absence de réaction des musulmans à telle arnaque, incite les
industriels à continuer dans ces magouilles et à se faire plus de profits sur
leur dos. De ce fait, aujourd’hui, il n’est plus question de se taire et de
rester dans la passivité, les consommateurs de l’alimentation rituelle musulmane
décident de demander des comptes autant aux industriels qu’aux certificateurs.
Aujourd’hui, en France, il existe même des sortes de forums et groupes qui
informent et conseillent aux consommateurs ce qu’il faut faire pour lutter
contre l’arnaque du halal.
En France, on dit que certains industriels ont réussi à survivre à la crise
grâce à l’appétit et la consommation des musulmans. Et grâce à ces mêmes
raisons, des milliards d’euros sont générés tous les ans avec une croissance à
rythme accéléré.