Nous n’aurons pas une «Sahet el Fna» à la Marrakech avec ses charmeurs de
serpents, ses herboristes, ses arracheurs de dents, ses vendeurs d’eau ou ses
«marabouts» proposant leurs services aux passants, nous aurons par contre une
médina dont le cœur a été ramené à la vie grâce au nouveau parcours inauguré
tout récemment par MM Ridha Ben Mosbah, ministre du Commerce et de l’Artisanat,
Raouf El Basti ministre de la Culture, Mohamed Béji Ben Mami, maire de Tunis, et
Hassan Ghenia, chef du Cabinet du ministre du Tourisme.
Un nouveau circuit pour une
Medina dont les ruelles, auparavant sombres, ne
plaidaient pas pour une animation nocturne digne de cette cité modèle de la
civilisation urbaine arabe et désignée par l’UNESCO comme patrimoine culturel
universel.
«Les ruelles et les places de la Medina seront désormais éclairées et animées,
assure le Maire de Tunis ; nous allons faire en sorte qu’au moins une fois par
mois il y ait une animation culturelle et des spectacles multiples et que les
restaurants de plein air soient ouverts. Nous avons autorisé les cafés à
s’implanter sur les rues piétonnes. Nous voulons fortifier l’artisanat et
booster les petits commerces. Nous comptons également redynamiser les centres
culturels comme «Dar Bait Al Chi’ir», «Centre Bir Lahajar», «Ksar Kheireddine»,
«Club Tahar El Haddad», nous réfléchissons à la possibilité de faire de l’école
située tout près du Château de Keireddine un pôle culturel, peut-être même le
musée de la ville de Tunis. D’ores et déjà 4 hôtels de charme sont en cours de
construction sur ce parcours. Lorsqu’on investit 4 MDT (alloués par le ministère
du Tourisme) pour remettre la Medina d’aplomb, cela donne envie aux opérateurs
privés de lancer leurs propres projets et d’investir».
Le nouveau circuit de la Medina, c’est du 4 en 1, si ce n’est plus car en
faisant ressusciter une cité laissée pour compte pendant des années, on veut
offrir un nouveau produit touristique, redynamiser les métiers de l’artisanat,
qu’il s’agisse de bijouterie, de tapis, de verreries, d’objets de décoration ou
de produits de terroir, assurer la survie des petits commerces traditionnels,
âme de la ville de Tunis et pourvoir de nouveaux emplois par le biais de
l’artisanat, un secteur très demandeur en main-d’œuvre. «Trouvez-vous logique,
Monsieur le ministre que des apprentis bijoutiers ou des professionnels
accomplis abandonnent ce noble métier pour faire du gardiennage ou devenir des
chauffeurs ?», s’est exclamé un maître bijoutier s’adressant au ministre du
Commerce.
Les décisions prises au plus haut sommet de l’Etat pour restructurer le secteur
de la bijouterie mèneront à la révision de tout le cadre juridique régissant
cette activité. «Nous sommes en face d’un environnement qui a été totalement
chambardé. Nous sommes partis de la limitation de l’activité au contrôle aux
frontières, au contrôle au niveau du produit fini et nous allons passer à une
libéralisation, par conséquent, il faut rénover tout le dispositif juridique.
Nous travaillons sur un projet de loi pour la restructuration du secteur. Le
projet de loi était à la charge du ministère des Finances et va passer sous le
contrôle du ministère du Commerce et de l’Artisanat. Après cela, il va falloir
engager certaines restructurations au niveau de la loi des Finances. Le but pour
nous, c’est d’arriver à la fin de l’année à rénover totalement le dispositif
législatif et institutionnel gérant l’activité de la bijouterie», explique le
ministre du Commerce.
Les produits d’artisanat, qu’ils soient de la bijouterie ou autres, doivent
s’adapter à l’ère du temps.
Des «Manarat» pour tirer vers le haut les produits artisanaux
«Il faut apprendre à exploiter les nouvelles technologies pour vendre la cité et
les produits, indique Ridha Ben Mosbah. Suite au plan d’action entériné, après
sa présentation le 5 mai dernier au président de la République, la décision fut
prise de soutenir une trentaine d’entreprises dans les métiers de l’artisanat
que nous avons appelé «Al Manarat» -les «Entreprises phares» qui tireront le
secteur vers le haut. Nous allons les piloter, les former et les exposer à
l’international pour qu’elles soient les porte-drapeaux de la créativité
tunisienne. Nous les introduirons également sur le site du
E-commerce
pour leur
assurer plus de visibilité sur la toile et leur permettre d’accéder à de
nouveaux espaces via nos missions itinérantes. Un certain nombre d’entre elles a
été en France, d’autres iront à Florence en Italie. Dans une deuxième phase,
nous nous lancerons dans la mise à niveau d’un autre groupe d’entreprises pour
consolider les capacités de production en direction des marchés internationaux».
Le ministre du Commerce n’a pas manqué d’insister sur l’importance des nouvelles
technologies de la téléphonie mobile dans la vente des produits artisanaux aux
touristes. «Lorsqu’un touriste qui possède un téléphone mobile de troisième
génération consulte son portable et trouve devant lui tout le circuit de la
Medina avec des indications sur les boutiques de l’artisanat comprenant leurs
différents produits et offres, les restaurants, les échoppes, des repères sur le
parcours qu’il doit suivre, nous évitons certains problèmes se rapportant aux
guides, aux agences de voyage ou autres intervenants. Il faut vendre ces
produits avant même que le touriste ne mette les pieds dans notre pays».
La vente des produits artisanaux, oui bien sûr, mais également la vente d’un
produit touristique et culturel qui peut susciter l’intérêt des touristes et
représenter un moyen supplémentaire d’attractivité pour la cité de Tunis. Nous
l’avons vu lors de l’inauguration du nouveau circuit, tous ces spectacles
organisés dans les places les plus importantes de la Medina, ces groupes de
jeunes provenant de différents horizons artistiques qui intéressaient
manifestement les passants. Parmi eux, ceux qui prônent la multi-culturalité en
présentant un spectacle comprenant des instruments musicaux provenant de
différents pays, ceux classiques comme le violon, le luth ou la darbouka, le «bendir»
et la trompette. Une autre troupe présentait un superbe spectacle de Jazz,
d’autres de la musique arabe classique. Ces mini-spectacles jalonnaient le
nouveau parcours «medinien» et attiraient une foule qui se pressait autour des
artistes, heureuse de pouvoir se relaxer au bout d’une journée de jeûne.
Tout cela pour dire que la Medina est un produit touristique et commercial qui
doit être conjugué avec une nouvelle vision de l’art et de la culture,
aujourd’hui de nouvelles industries. Pour le ministre de la Culture, les temps
sont venus pour encourager pareilles activités. «Nous travaillons à encourager
l’entrepreneuriat dans le secteur culturel qui doit être un élément enrichissant
surtout lorsqu’il s’agit d’être un plus pour d’autres produits tels le commerce
ou le
tourisme».
La Medina de Tunis a tout pour être un pôle d’attraction pour tout genre
d’activités, c’est le siège social et culturel de la capitale, elle abrite des
demeures anciennes, des bijoux architecturaux, des palais, des mausolées,
hammams, des médersas, des boutiques, des échoppes d’artisans et des places
magnifiques qui valent largement d’autres pour ce qui est de l’organisation de
spectacles de haute facture.