L’éditeur Axel Springer continue d’investir dans l’internet français

photo_1284128408653-1-1.jpg
ésident du groupe allemand d’édition Axel Springer, le 10 mars 2010 à Berlin (Photo : Berthold Stadler)

[10/09/2010 15:20:42] BERLIN (AFP) Le groupe allemand d’édition Axel Springer est prêt à débourser plus d’un demi-milliard d’euros pour racheter le spécialiste français de l’immobilier en ligne Seloger.com, une étape de plus dans sa stratégie d’internationalisation et de conquête de l’internet.

L’éditeur du quotidien Bild va reprendre un paquet de 12,4% du capital à un groupe d’actionnaires, comprenant les fondateurs Alain Amar et Denys Chalumeau. Il leur offre 34 euros par action et propose de racheter le reste des parts à ce même prix, ce qui porterait sa facture totale à 566 millions.

Mais l’ajout d’un nouveau joyau à sa couronne de valeurs internet, qui comprend déjà le groupe français Aufeminin et le spécialiste norvégien du recrutement en ligne StepStone, ne sera pas chose aisée.

Deuxième actionnaire avec 9,6% du capital, Groupe Arnault, le holding de l’homme d’affaires Bernard Arnault (fondateur de LVMH) a affirmé qu’il n’accepterait pas dans les termes proposés l’OPA envisagée par Springer.

“Ce projet d’offre sous-valorise manifestement la société au regard de son potentiel de croissance, de sa profitabilité et de sa position incontestée de leader de marché. Nous ne l’accepterons donc pas”, a indiqué la société.

La cotation du titre a été suspendue vendredi à la Bourse de Paris et doit reprendre lundi, selon un avis publié par l’opérateur boursier Nyse Euronext. Il avait clôturé jeudi soir à 30,00 euros, en hausse de 3,45%.

photo_1284128650533-1-1.jpg
ège du Bild, à Berlin, le 15 avril 2008 (Photo : John Macdougall)

Avec Aufeminin, dont il détient dorénavant 82% du capital, Axel Springer contrôle déjà plusieurs sites très visités en France, aufeminin.com, mais aussi l’incontournable base de recettes de cuisine Marmiton. Seloger.com et immostreet.com, qu’il compte bien faire tomber dans son escarcelle, sont le passage obligé de quiconque cherche un logement en ligne en France.

Le groupe Seloger.com a réalisé 73 millions d’euros de chiffre d’affaires et dégagé 18 millions de bénéfice net l’an dernier, témoignant d’une profitabilité qui en faisait une cible de choix pour Axel Springer.

Celui-ci s’est en effet lancé ces dernières années dans une stratégie d’internationalisation et de numérisation tous azimuts, après l’échec en 2006 de son rachat de ProSiebenSat1 et de ses grands projets de mariage de la presse et de la télévision.

Nouvel objectif: devenir un acteur incontournable des nouveaux médias, et se rendre moins dépendant des journaux et magazines soumis aux aléas du marché publicitaire et à l’érosion du lectorat. Axel Springer édite Bild, le quotidien le plus lu d’Allemagne, mais aussi le quotidien conservateur Die Welt, le tabloïd Fakt en Pologne, les magazines Auto Plus et Vie Pratique Gourmande en France, pour n’en citer que certains.

L’an dernier, un cinquième de son chiffre d’affaires de 2,6 milliards d’euros provenait déjà des activités numériques, ce qui faisait du groupe le deuxième éditeur le plus actif d’Europe dans ce domaine après le norvégien Schibsted. D’ici à 2016, un euro sur deux sera généré par internet et d’autres nouveaux médias, selon les projets d’Axel Springer.

Pour le patron Mathias Döpfner, “la participation dans Seloger.com s’inscrit tout à fait dans notre stratégie: nous renforçons nettement notre présence européenne sur le marché des petites annonces en ligne”.

Les petites annonces sont un des plus importants foyers de recettes du groupe, qui les préfère à la publicité classique, très dépendante de l’humeur des annonceurs.

Tout cela n’a pas empêché Axel Springer de souffrir de la crise l’an dernier, à l’instar des autres groupes de presse. Mais cette année, les affaires sont reparties sur les chapeaux de roue et la société a nettement relevé récemment ses prévisions de résultats.