Le compteur électrique “intelligent” à la hauteur des attentes dès 2012?

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électronique, présenté à Tours, le 18 mars 2009 (Photo : Alain Jocard)

[11/09/2010 09:30:14] PARIS (France) (AFP) En 2012, les premiers foyers français devraient être dotés du compteur électrique “intelligent”. Début d’une nouvelle ère? Promesses d’économies d’énergie, bienvenues pour le climat? Pour relever le défi, le projet va devoir encore être affiné.

Ce compteur d’un nouveau type, censé remplacer les 35 millions de boîtiers actuels d’ici à 2020, est “communicant”. En contact avec les systèmes des producteurs et distributeurs, il relève et transmet la consommation électrique pratiquement en temps réel.

En phase d’expérimentation dans les régions de Tours et Lyon, “Linky” devrait être installé dans les logements neufs à partir de 2012, “si le ministre de l’Ecologie a pris une décision favorable”, précise-t-on au ministère. La période de test, “de validation de fonctionnement de base du dispositif”, doit s’achever le 31 décembre 2010.

Un calendrier publié au Journal Officiel le 2 septembre qui a fait bondir l’association de consommateurs UFC-Que Choisir, pour qui “l’Etat passe en force” sur un dispositif qui n’est pas au point, et qui s’inquiète du coût de cette mesure évaluée par le distributeur ERDF à 120 à 240 euros par usager.

Le compteur intelligent, déjà installé en Suède et en Norvège, et sur le point de l’être en Italie, est-il prêt à révolutionner les comportements des Français en matière de consommation d’électricité?

En l’état, pas vraiment.”Tout seul, +Linky+ ne fait que de la relève de consommation sans qu’un agent ne soit obligé de se déplacer”, explique à l’AFP François Moisan, directeur Stratégie, Recherche, International de l’Agence de l’Environnement et de Maîtrise de l’Energie (Ademe).

“Pour que Linky soit à même de permettre des économies d’électricité”, il faut qu’il soit doté de “compléments”, pour lesquels l’Ademe a lancé un appel à projets, poursuit-il.

“Afficheur déporté” pour lire sa consommation en temps réel, “lien avec un site internet spécifique”, “système d’alerte sur téléphone mobile”… Une série d’outils complémentaires, pas encore arrêtés, vont être testés cet hiver, indique-t-on au ministère.

“Avec une meilleure information des consommateurs, on peut viser un objectif de réduction de 5 à 15% des consommations”, y assure-t-on.

Mais même mieux informés, rien ne dit que les consommateurs changeront durablement leur comportement, relève la chercheuse Sarah Darby du Centre de l?environnement à l?université d?Oxford, auteur d’une étude parue dans la revue Building Research and Information.

“Souvent, les gens ne savent pas quoi faire de ces informations”, explique-t-elle à l’AFP. “Il faut qu’elles s’intègrent dans une approche éducative plus large. Par exemple, au Royaume-Uni, nous réfléchissons à l’idée d’utiliser ce compteur pour amener les gens à mieux isoler leurs logements”, ajoute-t-elle.

Par ailleurs, le compteur intelligent a un atout de taille: il peut aider à mieux répartir la consommation d’électricité sur la journée, et réduire les pointes qui obligent à avoir recours à des sources d’énergie complémentaires, bien plus émettrices de gaz à effet de serre que le nucléaire.

Le fournisseur pourrait “couper à distance, pendant 10 minutes le chauffage chez les particuliers, pour délester de plusieurs centaines ou milliers de mégawatts la consommation en heure d’hyperpointe”, explique-t-on au ministère.

Une fonctionnalité qui sera peut-être ajoutée à Linky. Le compteur, insiste-on, a vocation à pouvoir s’adapter aux futures évolutions technologiques. “On est en train de tester une interface qui doit durer 50 ans”.