Les banquiers centraux mettent la dernière touche aux réformes de Bâle III

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ège de la Banque des règlements internationaux (BRI), le 10 mai 2010 à Bâle. (Photo : Sebastien Bozon)

[12/09/2010 08:47:14] ZURICH (Suisse) (AFP) Les grands banquiers centraux se réunissent dimanche pour mettre la touche finale à une réforme internationale destinée à protéger le secteur financier contre de nouvelles crises, mais qui pourrait obliger les banques à lever des sommes considérables.

Le Comité de Bâle de supervision bancaire, forum chargé d’élaborer les nouvelles règles prudentielles et qui regroupe banquiers centraux et régulateurs de 27 pays, se réunit dimanche à Bâle (nord) au siège de la très discrète Banque des règlements internationaux (BRI), après une précédente réunion mardi dernier.

Si aucune information officielle n’a filtré de la “banque centrale des banques centrales” sur le nom des participants et l’objet précis de la réunion, observateurs et médias s’attendent à ce que ce comité mette la touche finale au document, en prévision du sommet du G20 de Séoul en novembre.

“Je m’attends à ce que de nouveaux détails soient communiqués en début de semaine prochaine”, a indiqué à l’AFP Rainer Skierka, analyste à la banque Sarasin.

Les grandes lignes de cette réforme, destinée à éviter un nouvel effondrement du secteur bancaire comme lors de la crise financière en 2008, sont déjà connues.

Elles consistent principalement à renforcer la stabilité financière des établissements et à éviter un endettement excessif, deux faiblesses qui avaient mené de nombreuses banques au bord de la faillite il y a deux ans.

Ce texte, officieusement appelé “Bâle III”, prévoit de relever le niveau des fonds propres et de renforcer leur qualité. Les établissements ne pourront plus comptabiliser des actifs à risques qui pourraient subitement perdre leur valeur, comme cela a été le cas pour les actifs toxiques lors de la crise des “subprime”.

Sous les accords précédents dits de “Bâle II”, finalisés en 2006, le ratio minimum de fonds propres “tiers 1” a été fixé à 4% du total des prêts alloués. Le “noyau dur”, qui est constitué du capital dont la banque est le plus solidement propriétaire, est actuellement à 2%. Ces deux ratios doivent être relevés de plusieurs points de pourcentage.

Dans les faits, de nombreuses banques affichent déjà des ratios élevés. Mais les nouvelles normes devraient limiter les types d’actifs que les établissements pourront utiliser pour définir les fonds propres, ce qui pourrait obliger les banques à lever de l’argent pour satisfaire aux nouvelles règles.

S’y ajoutent de nouvelles exigences en matières de liquidités, d’endettement et d'”amortisseurs” financiers obligeant les banques à mettre plus d’argent de côté lors de périodes prospères.

Les banquiers craignent que ces réformes, prévues pour entrer en vigueur fin 2012 mais avec une période de transition jusqu’en 2017, les obligent à emprunter des sommes colossales.

En France et en Allemagne, les banques pourraient ainsi être obligées de lever au total 255 milliards d’euros pour satisfaire aux nouvelles normes.

Face à ces craintes, la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, s’est déclarée “soucieuse”, soulignant qu’il était “impératif de ne pas pénaliser (le secteur bancaire) en imposant des exigences excessives”.

Mais pour M. Skierka, “les grandes banques ne devraient pas rencontrer de problème pour mettre de côté les fonds nécessaires”. Cela sera cependant plus difficile pour les établissements de taille moyenne comme les “Landesbanken” allemandes, a-t-il prévenu.

Au final, les actionnaires risquent de payer le prix de ces réformes, car le bénéfice des banques sera principalement utilisé pour constituer les fonds propres aux dépens du dividende, selon l’analyste.

“Mais en contrepartie, les banques seront plus solides, ce dont profiteront les investisseurs”, a estimé M. Skierka.