Les syndicats britanniques entrent en résistance contre les coupes budgétaires

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étaire général de la confédération syndicale britannique TUC, Brendan Barber, à la tribune du congrès de son organisation, le 13 septembre 2010 à Manchester (Photo : Paul Ellis)

[13/09/2010 12:59:13] MANCHESTER (Royaume-Uni) (AFP) Les syndicats britanniques ont lancé lundi une “campagne de résistance” contre le plan d’austérité gouvernemental, qu’ils voient comme une attaque en règle contre les services publics et les plus pauvres, menaçant d’organiser des grèves massives.

Le Trades Union Congress (TUC), confédération rassemblant la plupart des syndicats du Royaume-Uni, a adopté au premier jour de son congrès annuel qui se déroule jusqu’à jeudi à Manchester (nord) un programme visant à mobiliser les Britanniques contre les coupes budgétaires décidées par le gouvernement conduit par le conservateur David Cameron.

Cette plateforme, approuvée à la quasi-unanimité par les délégués, prévoit le recours “à des grèves intersyndicales, au niveau national et local, pour s’opposer aux attaques contre l’emploi, les salaires et les services publics”.

Les dirigeants des principaux syndicats se sont succédé à la tribune du centre des congrès de Manchester, cité du nord-ouest de l’Angleterre qui fut le berceau du mouvement ouvrier au XIXe siècle, pour dénoncer avec vigueur le programme économique du gouvernement, s’apparentant selon eux à une casse en règle des services publics.

“Ce n’est pas un gouvernement de coalition, mais un gouvernement de démolition”, a moqué le secrétaire général du TUC, Brendan Barber.

“Le gouvernement de coalition a lancé un massacre à la tronçonneuse contre nos services publics”, a renchéri Dave Prentis, du syndicat de fonctionnaires Unison. “Puisqu’il y a une attaque coordonnée contre nous, nous devons monter une réponse coordonnée”, a renchéri Bob Crow (RMT: syndicat des cheminots).

Gail Cartmail, de Unite, premier syndicat du pays avec un million et demi d’adhérents, a affirmé que son mouvement allait mener “un combat vital” face à la “politique de la terre brûlée” de David Cameron. Celui-ci est venu, selon Matt Wrack, du syndicat des sapeurs-pompiers, pour “finir le travail” entamé il y a trente ans par Margaret Thatcher.

L’unique voix discordante a été celle du syndicat des pilotes d’avions, le Balpa, dont le secrétaire général Jim MacAuslan a estimé que le ton adopté par le TUC “n’est pas celui qui convient pour convaincre le grand public”.

Les syndicats ont ainsi affiché leur détermination face au plan de rigueur budgétaire sans précédent décidé par le nouveau gouvernement d’alliance conservateur/libéral-démocrate, arrivé au pouvoir en mai. Ce plan vise à éliminer en cinq ans la quasi-totalité d’un déficit public qui devrait s’élever cette année à 10,1% du PIB.

La répartition des coupes budgétaires entre les différents ministères, qui devraient atteindre 25% en moyenne, ne sera dévoilée que le 20 octobre mais, selon des estimations officielles, 600.000 postes pourraient être supprimés dans les prochaines années dans le secteur public.

Le gouvernement a prévu d’augmenter la TVA, tailler sévèrement dans les dépenses sociales, geler pendant deux ans les salaires de la plupart des fonctionnaires, et d’avancer le report à 66 ans de l’âge de départ à la retraite, autant de mesures aptes à mobiliser les syndicats.

Face à ce vent de critiques venu de Manchester, le gouvernement a assuré qu’il voulait “bâtir un vrai partenariat avec les syndicats”, mais a réaffirmé sa volonté de réduire les dépenses publiques.

“Nous devons nous occuper du déficit, et nous voulons nous y attaquer avec l’aide de tout le monde”, a déclaré un porte-parole du Premier ministre.