Les fleurons de l’internet français suscitent la convoitise

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Page d’accueil du site SeLoger.com

[13/09/2010 14:20:27] PARIS (AFP) Meetic, Seloger.com ou encore PriceMinister… les grands noms du web français, qui ont prospéré après le vide laissé par l’éclatement de la bulle internet en 2000, suscitent aujourd’hui la convoitise de groupes étrangers, prêts à débourser des sommes record pour les acquérir.

Le premier groupe immobilier en ligne français, Seloger.com, est sous le coup depuis jeudi d’une offre publique d’achat de l’éditeur allemand Axel Springer, qui propose 566 millions d’euros.

Par ailleurs, le fondateur du site de rencontres Meetic, Marc Simoncini, a fait savoir dimanche qu’il réfléchissait à une cession de ses parts, tout en prévenant qu’aucune décision n’avait été prise et que “toutes les options stratégiques” restaient à l’étude.

Ces annonces interviennent trois mois après le rachat du site d’achat-vente entre particuliers PriceMinister par le japonais Rakuten, pour 200 millions d’euros.

“L’éclatement de la bulle internet, en mars-avril 2000, a laissé beaucoup de temps aux boîtes internet françaises pour se développer sans concurrence étrangère”, note Pierre Kosciusko-Morizet, président de l’association Economie numérique et fondateur de PriceMinister.

Seloger.com, présent sur Minitel depuis 1992, a créé son premier site en 1996 et survécu bon an mal an à cette crise, qui a freiné l’expansion des grands groupes américains et asiatiques dans l’Hexagone.

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à Paris le 19 mai 2010. (Photo : Eric Piermont)

Au début de la décennie, les nouvelles start-up “ne disposaient pas de moyens énormes parce que c’était la crise, mais en même temps elles n’avaient pas beaucoup de concurrence étrangère et elles avaient donc le temps de prendre tranquillement leurs marques”, souligne-t-il.

“J’ai créé Meetic juste après l’éclatement de la bulle internet. Et j’ai eu raison. C’est plus simple de gagner une course quand il y a peu de concurrents sur la ligne de départ”, indiquait aussi M. Simoncini au magazine Capital en août 2009.

Présent dans 15 pays européens, le site de rencontres a connu en huit ans un succès foudroyant en France et en Europe, ce qui l’a poussé à s’associer avec son concurrent américain Match en 2009 pour l’Europe, et en 2010 pour se développer en Amérique latine.

En France, PriceMinister a réussi à détrôner au deuxième trimestre le géant américain des petites annonces entre particuliers Ebay, phénomène plutôt rare en Europe.

Il s’est lancé il y a deux ans et demi en Espagne, où il se classe aujourd’hui parmi les dix premiers sites de commerce en ligne, et il y a un an en Grande-Bretagne. Le site envisage de s’implanter en Allemagne en 2011, selon M. Kosciusko-Morizet.

Toutefois, “ces sociétés sont d’abord recherchées pour leur leadership sur le marché français”, estime Stéphane Loire, directeur des études de Benchmark Group. “La France est quand même l’un des plus gros marchés européens, des acteurs qui veulent avoir une dimension européenne voire mondiale ne peuvent donc pas faire l’économie d’y être présents” en faisant des acquisitions, explique-t-il.

Seloger.com ne rayonne guère qu’en France, même si l’un de ses sites phare, immostreet.com, permet, grâce à des partenariats dans six pays européens, de consulter des annonces dans des pays tels que l’Espagne ou la Suisse.

Mais Axel Springer connaît déjà le secteur. Il avait racheté en 2007 un autre grand succès de l’internet français: aufeminin.com, numéro un en France, Allemagne, Belgique, Espagne, Suisse, et numéro deux en Grande-Bretagne, qui a fêté en février ses dix ans.

Pour assurer son développement, le premier site de déstockage français venteprivée.com a lui confié 20% de son capital au fonds américain Summit Partners, en 2007.