à Paris de l’enseigne d’un bureau de tabac. (Photo : Jacques Demarthon) |
[15/09/2010 11:36:19] PARIS (AFP) Les buralistes, dont le congrès annuel s’ouvre mercredi à Paris, veulent que l’Etat lutte davantage contre la contrebande, qu’il s’agisse d’achats à l’étranger, sur internet ou sous le manteau et qui représenteraient une cigarette fumée sur cinq.
Entre “18 et 20%” des cigarettes consommées en France ne sont pas achetées chez l’un des 28.000 buralistes de l’Hexagone, estime Pascal Montredon, le président de la Confédération des buralistes. Un manque à gagner important puisque officiellement ces derniers ont le monopole de la vente du tabac.
L’Etat, demande-t-il, doit “accentuer” la lutte contre ce marché parallèle avec, en premier lieu, une “étude officielle” pour quantifier le phénomène et suivre son évolution.
Selon British American Tobacco, près d’une cigarette sur quatre (22%) fumées en France en 2009 n’a pas été achetée dans le réseau des 28.000 buralistes.
Son concurrent Japan Tobacco (JTI) évalue les paquets non officiels à environ 12% de la consommation.
“Avant, il y avait peut-être 2 à 3% seulement des paquets qui ne venaient pas du réseau”, insiste M. Montredon. Entre-temps, le prix du tabac a flambé, notamment en 2003 et 2004 lorsque les paquets ont augmenté de près de 40%, au nom de la politique de santé publique.
Nombre de fumeurs sont allés s’approvisionner de l’autre côté des frontières en Espagne, Belgique, Allemagne, où les cigarettes s’achètent 15 à 30% moins cher, désertant les civettes les plus proches des frontières. A tel point que l’Etat a accepté de compenser les plus fortes baisses de chiffre d’affaires.
Des cigarettes de contrebande (officielles mais distribuées par des circuits parallèles) ou de contrefaçon (essentiellement fabriquées en Chine et plus nocives encore pour la santé que le tabac de marque) s’achètent également sous le manteau.
Il faut regarder la globalité du marché, insiste Pascal Montredon, qui explique que “un paquet de la marque la plus vendue en Europe (Marlboro, NDLR) se vend 1 euro dans l’Est de l’Europe”. De quoi “alimenter les réseaux mafieux” qui vendent ensuite ces paquets en France “3 euros dans la rue”, au lieu de 5,60 prix officiel.
Sur internet aussi, les ventes de tabac sont “en train d’exploser”, ajoute-t-il.
Dans ce contexte, une nouvelle hausse de prix envisagée à l’automne par l’Etat et les industriels “inquiète” également les buralistes.
Même si les chiffres de vente montrent que la dernière hausse de prix (6% en novembre 2009) n’a quasiment pas fait baisser les volumes (-0,2% de janvier à juillet 2010) mais a permis une augmentation substantielle de leur chiffre d’affaires tabac (+5,3%).
Les buralistes perçoivent 8% du prix de vente d’un paquet de cigarettes, l’Etat 80%, et les 12% restants vont aux fabricants et à Altadis, chargé d’approvisionner les bureaux de tabac.
“Nous subissons la crise, avec des baisses de vente sur les journaux, les cartes téléphone, les jeux, le bar pour ceux qui ont aussi ces activités”, insiste le président, qui espère aussi un engagement de l’Etat pour confier de nouvelles missions aux buralistes comme l’extention des ventes de timbres dématérialisés pour les passeports…
Enfin, ils apparaissent résignés à voir arriver les images choc, qui seront obligatoires fin avril au dos de tous les paquets.