L’UE valide un accord commercial avec la Corée mais peine avec le Mercosur

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à Bruxelles le 16 septembre 2010 (Photo : Eric Feferberg)

[16/09/2010 14:01:06] BRUXELLES (AFP) L’Europe a engrangé un succès de taille dans sa politique commerciale jeudi en approuvant un accord de libre-échange avec la Corée du Sud, le premier de ce type en Asie, mais elle peine à avancer en Amérique Latine, où la France freine des négociations avec le Mercosur.

Lors d’un sommet de ses 27 dirigeants à Bruxelles, l’UE a donné son feu vert à un accord de libre-échange avec Séoul négocié depuis trois ans, l’Italie ayant levé un veto qu’elle brandissait du fait d’inquiétudes pour son industrie automobile.

Cet accord commercial bilatéral, le “plus ambitieux jamais atteint” par l’Europe, représente “un pas très important dans l’ouverture des marchés asiatiques pour nos entreprises”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères belge, Steven Vanackere, dont le pays préside l’Union européenne.

Il doit permettre à brève échéance une forte baisse des tarifs douaniers, et devrait générer un volume substantiel de nouveaux échanges de biens et de services, pouvant aller jusqu’à 19 milliards d’euros pour les exportateurs européens, selon la Commission européenne.

Le texte sera appliqué à partir de juillet 2011, au lieu de fin 2010 prévu initialement. L’Italie a obtenu un report de son application de six mois.

Cet accord avec Séoul permet aux Européens de marquer un point par rapport aux Etats-Unis, dont le propre accord de libre-échange avec la Corée du sud, signé en avril 2007, n’a toujours pas été ratifié par le Congrès américain.

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étrangères, Steven Vanackere à Bruxelles le 16 septembre 2010 (Photo : Filip Claus)

“C’est le premier d’une génération d’accords commerciaux bilatéraux qui vont unir l’Europe et l’Asie”, a souligné M. Vanackere.

“J’espère que nous pouvons conclure aujourd’hui que la politique commerciale de l’Europe est de nouveau sur les rails”, a-t-il ajouté.

L’Union européenne, qui négocie notamment depuis 2007 un accord de libre-échange avec l’Inde, et vient de lancer des discussions avec la Malaisie, espère que l’accord avec la Corée ouvre la voie.

Mais si elle engrange un succès, l’Europe reste cependant à la peine dans ses négociations dans une autre région clé, l’Amérique du Sud.

Les discussions pour un accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, plus le Venezuela en cours d’adhésion) ont en effet du mal à avancer, en raison de l’opposition de Paris.

Ces négociations, au point mort depuis 2004, ont été relancées en mai. Mais dix pays, emmenés par la France, ont fait part de leurs inquiétudes pour leur agriculture.

Le ministre de l’Agriculture français, Bruno Le Maire, a réaffirmé mardi l’opposition de Paris, soulignant que “l’Europe n’est pas le déversoir des produits agricoles des pays d’Amérique du Sud”.

Des propos peu appréciés par le commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht, en déplacement en Amérique du Sud. Il a réagit en soulignant que “c’est la Commission qui négocie” et Paris doit “la respecter”.

Ces difficultés, ainsi que les inquiétudes des Européens ces derniers mois concernant des mesures protectionnistes en Argentine, “ont beaucoup compliqué les avancées” des négociations, reconnaît une source diplomatique d’un pays du Mercosur à Bruxelles.

M. De Gucht a cependant indiqué qu’il espérait parvenir à un accord commercial à la mi-2011 avec le Mercosur, en dépit de l’opposition de la France.

Le Mercosur est le principal concurrent de l’Europe en matière de produits agricoles. Mais un accord de libre échange permettrait à l’UE de trouver un nouveau débouché industriel, notamment pour son secteur automobile.

Selon Bruxelles, cet accord pourrait permettre une augmentation des exportations de l’UE vers le Mercosur d’environ 4,5 milliards d’euros par an.