Tunisie Tourisme : Plongée sous-marine, un atout considérable sous-exploité!


tourisme-tunisien-2010-1.jpg«Et si je vous disais qu’au large de l’ile de Malte, on coule des sous-marins
achetés et désaffectés pour enrichir le produit de la plongée sous-marine, vous
diriez quoi ? En moins de cinq ans, Malte est devenue l’une des destinations
touristiques phares de la plongée. Savez-vous seulement que les épaves sont un
atout fantastique et un centre d’intérêt pour la population des plongeurs qui
s’y baladent comme dans un musée. La Tunisie possède plus de 200 épaves. Vous
imaginez le trésor qu’elle a et qu’elle exploite si peu ?».

Tout est dit ou presque. Ces propos sont tenus, non sans passion, par Selim
Baccar et Bertrand Roch, respectivement promoteur d’un centre de plongée et
journaliste spécialisé. Le tandem est en train de préparer un livre sur les
fonds sous-marins de Tunisie à paraître en début d’année prochaine.

Cette information prend davantage de dimension, lorsqu’on précise que c’est la
Tunisie qui, en Méditerranée, possède le plus grand nombre d’épaves
répertoriées. C’est dire si cet atout est important. C’est regretter qu’il soit
aussi si peu exploité au niveau touristique.

Les novices seraient tentés de croire que la plongée sous-marine est une niche
dans laquelle s’investir ne vaut peut-être pas la peine. D’autres seraient
tentés de croire que ce sont les îles paradisiaques et lointaines qui
s’accaparent le marché de la plongée sous-marine. Il n’en est rien. Loin des «némos»
de Disney et des barrières coralliaires à faire rêver, c’est bel et bien la
Méditerrané qui reste la destination numéro un des plongeurs dans le monde.
Recélant plus de 200 épaves répertoriées, la Tunisie peut-elle devenir une
destination de plongée pour autant ? Le marché de la plongée est-il porteur ?
Serait-il à conquérir ?

Francois Brun est rédacteur dans la revue spécialisée «Plongée magazine». Pour
lui, il ne fait aucun doute que la Tunisie a un trésor qu’elle sous-exploite.
Formel, il argumente : «Il faut s’y connaître pour réaliser ce que représentent
les épaves pour les plongeurs. Plonger sur une épave, c’est comme se promener
dans un musée ou évoluer dans un film. Le plongeur évolue dans l’histoire. Il
devient acteur… Il y a du monde qui est prêt à payer pour cela, encore faut-il
que cela se sache !». Le message est on ne peut plus clair. Il est temps de
mettre en valeurs ces atouts et de valoriser ces trésors.

Selim Baccar est propriétaire d’un centre de plongée certifié PADI. Lui aussi
pense que la plongée est une niche à développer pour la destination Tunisie.
Indépendamment des épaves, il y a tous les fonds marins qui sont à découvrir. On
récence d’ailleurs pas moins d’une quinzaine de sites de plongée de toute
importance. En plus, à cause du réchauffement climatique, on observe
régulièrement l’arrivée de nouvelles espèces qui ne vivaient pas dans les eaux
méditerranéennes. A titre d’exemple, on peut citer les poissons perroquets, les
barracudas, les poissons-lapins…

Précisant que «la plongée apportera la diversification dont a besoin le produit
touristique tunisien», Selim Baccar et quelques professionnels appellent en
effet à établir une stratégie claire et efficace pour conquérir un marché à
portée de main. La clientèle de la plongée sous-marine est toujours, comme
toutes les autres clientèles, à l‘affût de nouvelles destinations et émotions.
Plonger en Tunisie peut vite devenir un «must». Il suffirait pour cela de
s’atteler au travail et d’établir une stratégie marketing adéquate.

Une nouvelle prise de conscience est nécessaire pour réhabiliter un créneau en
souffrance. Il est urgent de revitaliser la Fédération qui est quasiment au
point mort depuis plus de temps qu’il n’en faut. A ce jour, le secteur est
représenté par 22 centres de plongée dont une quinzaine sont touristiques. La
plongée relève de l’autorité de la marine nationale.

Un éclairage nouveau sur la plongée touristique sous-marine tunisienne serait de
nature à réhabiliter des lieux de première importance qui ont été mal gérées au
fil du temps comme notamment la grotte au mérou à Tabarka. Dernièrement, les
grottes d’El Haouriaya sont devenues site culturel. Il était temps. Espérons que
cela augure d’une meilleure exploitation.

A la veille de la mise en œuvre du programme de refonte de la destination
touristique Tunisie avec l’application de l’Etude Stratégique du tourisme pour
2016
, on ne peut qu’augurer des jours meilleurs pour la plongée tunisienne. En
plus d’être un bel outil, elle pourrait être une des vitrines d’un tourisme qui
aura su se réinventer.