Batteries pour véhicules électriques : le CEA relève un défi mondial

photo_1284718743573-1-1.jpg
ède au branchement d’une voiture électrique à Grenoble le 14 septembre 2010 (Photo : Jean-Pierre Clatot)

[17/09/2010 10:23:06] GRENOBLE (AFP) Depuis un an, le site du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Grenoble développe sa recherche sur les batteries pour véhicules électriques afin de répondre à un enjeu mondial pour les constructeurs automobiles et espérer concurrencer un jour l’Asie.

“En l’espace d’un an, le CEA est passé de la paillasse de chercheurs au stade préindustriel en faisant la révolution sur ses plate-formes et dans son personnel”, explique Florence Mattera, chargée des transports au CEA.

A Grenoble, plus de 20 millions d’euros d’investissements –notamment consacrés à l’extension d’une plate-forme de recherches pour la fabrication des nouvelles générations de batteries à base de lithium pour les véhicules électriques — ont été réalisés depuis septembre 2009.

Une centaine de chercheurs a été embauchée au département transports, où travaillent désormais 200 ingénieurs. Et le CEA a entamé une collaboration avec Renault pour améliorer la technologie des batteries produites dans l’usine du constructeur à Flins (Yvelines).

La recherche sur les batteries électriques est actuellement l’un des “secteurs prioritaires” du CEA, correspondant à l’essor d’un marché où se sont engouffrés tous les grands constructeurs automobiles mondiaux, souligne le directeur du CEA Grenoble, Jean Therme.

Selon les constructeurs, les véhicules électriques représenteront 10% du marché mondial à horizon 2020.

photo_1284718885153-1-1.jpg
étude de batteries pour véhicules électriques à Grenoble le 14 septembre 2010 (Photo : Jean-Pierre Clatot)

Pourtant il y a trois ans, le CEA, qui travaille sur les batteries depuis une décennie, était sur le point d’abandonner ce domaine de recherches faute de débouchés industriels, souligne-t-il.

“Les constructeurs ne voyaient pas l’intérêt de développer cette activité. Et puis il y a eu le Grenelle environnement” en 2007 lors duquel “les industriels ont pris acte du développement de ce secteur majeur, souligne M. Therme.

Le commissariat espère pouvoir un jour concurrencer les Asiatiques qui, forts de leur expérience en matière de batteries pour téléphones portables, “arrivent très fort sur le marché des batteries pour véhicules électriques”, reconnaît Mme Mattera.

“Les Européens ont leur carte à jouer. La bataille pour les batteries première génération”, qui permettent une autonomie de 150 kilomètres, “n’est pas perdue”, assure-t-elle.

Le CEA se positionne notamment sur la fabrication de batteries à base de phosphate de fer, qu’il présente comme un matériau compétitif et sûr face aux Asiatiques privilégiant le manganèse.

Un gros travail est effectué sur les moyens d’abaisser les coûts des technologies et d’améliorer leur fiabilité, la perspective d’ici 2015 étant d’arriver à la fabrication de batteries permettant une autonomie de 300 km pour un véhicule tout électrique, souligne Mme Mattera.

Par ailleurs à Chambéry, des ingénieurs du CEA, basés à l’Institut national de l’énergie solaire, soumettent les batteries à toutes sortes de conditions extrêmes (froid, chaleur) et pratiquent “des tests post mortem” pour améliorer leur espérance de vie et comprendre les phénomènes de recyclage.

Ils étudient aussi les moyens d’utiliser l’énergie solaire pour la recharge des véhicules électriques à travers des tests menés sur des véhicules hybrides rechargeables Toyota, stationnés dans des parkings recouverts de panneaux photovoltaïques.