ésident brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, le 28 juillet 2010 à Brasilia (Photo : Evaristo Sa) |
[17/09/2010 11:35:55] BRASILIA (AFP) Le Brésil a signé un nouvel accord de coopération militaire avec le Royaume-Uni cette semaine confirmant sa volonté d’asseoir sa puissance au niveau régional et de renforcer son industrie de défense.
Brasilia envisage notamment d’acheter 11 embarcations à Londres, à condition d’obtenir des transferts de technologie suffisants, comme dans ses précédents partenariats du même genre conclus avec les Etats-Unis, l’Italie, la Russie, la Pologne et surtout la France.
Le géant sud-américain (193 millions d’habitants) a déjà acheté à Paris quatre sous-marins d’attaque Scorpène et la coque d’un cinquième qui sera dotée d’un propulseur nucléaire développé la marine brésilienne, ainsi que 50 hélicoptères de transport EC-725 assemblés au Brésil.
En outre, le Rafale du constructeur français Dassault est le favori d’un appel d’offres géant pour l’achat de 36 avions de chasse, dont le résultat est attendu d’ici la fin d’année.
Le but du Brésil est non seulement de rénover ses équipements militaires vieillissants mais aussi de protéger son immense territoire et ses ressources naturelles, en particulier ses gigantesques réserves de brut en eaux très profondes qui pourraient le transformer en géant pétrolier.
Le président Luiz Inacio Lula da Silva, qui quittera le pouvoir le 31 décembre, entend aussi accompagner son ambitieuse politique diplomatique en Amérique latine et dans le reste du monde.
Le Brésil “a besoin de consolider son pouvoir de dissuasion pour appuyer ce nouveau rôle”, estime Sabrina Medeiros, professeur de relation internationales à l’école de guerre navale.
Pour cela, le pays entend aussi reconstituer une industrie de défense de pointe, lui permettant d’être autosuffisant en matière militaire.
Sa nouvelle stratégie de défense adoptée en 2008 se fonde ainsi sur le principe que tout achat d’équipement étranger doit inclure un transfert de technologies permettant à terme au Brésil de produire lui-même ce matériel.
C’est notamment ce qui explique la préférence affichée de Brasilia pour le Rafale au détriment de ses rivaux (le F-18 Super Hornet de l’américain Boeing ou le Gripen du suédois Saab) dans l’appel d’offres pour les 36 avions de chasse qui dotera le Brésil d’une flotte sans équivalent en Amérique latine.
“Le Brésil n’achètera pas seulement des avions, mais un ensemble technologique complet”, a précisé le ministre de la Défense, Nelson Jobim.
Les accords récents passés avec la France comprenaient également la création de chantiers navals à Rio de Janeiro, afin que le Brésil puisse vendre à terme ses propres navires. En attendant, il diversifie ses fournisseurs.
Il a ainsi acheté 24 hélicoptères d’attaque Mi-35M à la Russie et signé en juin un protocole d’accord avec l’Italie pour la production de “2.044 véhicules blindés pour le transport de personnel d’ici 20 ans”.
L’Italie et le Royaume-Uni sont également à la lutte pour vendre à Brasilia des navires de patrouille maritime. Dans le même temps, le Brésil commence aussi à produire ses propres équipements.
L’armée de l’air et la compagnie aérienne nationale Embraer développent un avion cargo, le KC-390, destiné à remplacer le Hercules C-130 américain. Même si ce n’est encore qu’un projet, Embraer espère en vendre 700 et compte déjà 24 commandes fermes.
Par ailleurs, le Brésil a conclu un accord en décembre 2008 pour vendre 100 missiles anti-radar MAR-1 au Pakistan et il met au point un missile air-air, le A-Darter, avec l’Afrique du Sud.