à Paris (Photo : Thomas Coex) |
[19/09/2010 08:03:22] WASHINGTON (AFP) Les grands puissances économiques cherchent toujours un système monétaire international stable et efficace 25 ans après les accords du Plaza, signés à une époque où les ministres des Finances savaient se mettre d’accord sur leur politique de changes.
Le 22 septembre 1985, dans un hôtel new-yorkais, cinq pays dominants sur le marché des devises (Allemagne, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Japon) se mettaient d’accord pour faire baisser la valeur du dollar, à l’initiative des Américains qui désespéraient d’être de moins en moins compétitifs.
Le Japon en garde un souvenir douloureux. “La baisse s’est effectivement produite. Mais pas d’une manière ordonnée. (…) Le mot “endaka” (yen fort) a trouvé sa place dans le dictionnaire mondial des termes économiques”, déplorait le Japan Times jeudi.
Le paysage mondial des devises a beaucoup changé en un quart de siècle.
Le dollar n’y est plus aussi prépondérant. Les banques centrales n’ont plus la même capacité à piloter un marché mondial des changes qui pèse près de dix fois plus lourd. Et la Chine, insignifiante dans ce débat à l’époque, est aujourd’hui au centre des attentions, passée du rang de huitième à deuxième économie mondiale.
Mais les désordres qui avaient suscité les accords du Plaza subsistent.
à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi) |
“Parmi les signes importants de déséquilibre dans l’économie mondiale, on compte les défauts dans l’alignement des taux de change clés”: cette phrase, tirée du “World Economic Survey” de l’ONU en 1985, pourrait encore être écrite aujourd’hui.
“Le système international des taux de change est au moins en partie cassé”, considérait jeudi Michael Spence (université de New York). Pour lui, la cohabitation entre le laisser-faire des pays occidentaux et l’interventionnisme des émergents, Chine en tête, ne devrait plus fonctionner longtemps.
“Les questions de distorsions (…) sont vouées à devenir de plus en plus pressantes au fur et à mesure de l’accroissement de la taille et l’influence des grandes économies émergentes”, s’inquiétait-il.
Mais régler ces questions réclame un consensus plus difficile à trouver au sein d’un G20 que d’un G5.
Mercredi, Tokyo est intervenu pour la première en six ans pour faire baisser le cours du yen. Face au billet vert, il avait presque triplé en 25 ans.
La critique la plus bruyante est venue de la zone euro, qui garde un mauvais souvenir des pics atteints par la monnaie unique en 2008. “Nous n’aimons pas les interventions unilatérales”, a lancé le chef de file des ministres des Finances de la zone, Jean-Claude Juncker.
La France a promis qu’en prenant la présidence du groupe des pays riches et émergents du G20, après le sommet de Séoul en novembre, elle chercherait à refonder un système monétaire international plus harmonieux. Selon le président Nicolas Sarkozy, “ce qui est aujourd’hui souhaitable, nécessaire même, c’est de mettre en place des instruments pour éviter l’excessive volatilité des monnaies”.
Cela peut paraître un voeu pieux à l’heure où la Chine s’obstine à maintenir un yuan le moins cher possible, où les Etats-Unis mènent la politique monétaire la plus prodigue de leur histoire, et où le Japon cherche tous les moyens d’affaiblir le yen.
“Pourtant, si la dévaluation des monnaies devient le nouveau jeu à la mode, le mieux serait probablement qu’elle soit faite d’une manière réfléchie”, considère David Beckworth (Texas State University).