La Tunisie, en tant que destination santé, attire de plus en plus les regards.
Et le dynamisme des entreprises tunisiennes à l’étranger dit long sur l’habilité
de nos ressources humaines à attaquer de nouveaux marchés. C’est dans ce cadre
qu’une délégation de la Caisse nationale de sécurité sociale du Gabon effectue
actuellement une visite de travail en Tunisie. Cette visite s’inscrit dans le
cadre d’un partenariat que la CNSS du Gabon entreprend avec la société
tunisienne Service Médical International de Tunisie (SMEDI). L’évacuation
sanitaire des malades constituerait le principal axe de ce partenariat qui a été
concrétisé en février 2010 par l’accueil du premier patient gabonais en Tunisie.
Le CNSS du Gabon évacuait, jusque-là, la majorité de ses malades en France et en
Afrique du Sud.
«Par cette première expérience, nous avons tenté la Tunisie. Nous nous sommes
rendus compte que nos charges ont baissé. Ce que nous payons en France pour un
seul patient peut servir à en traiter trois ou quatre en Tunisie. De cette
façon, nous pouvions diminuer nos charges et augmenter le nombre d’évacuations.
D’autant plus que la qualité des prestations est aussi satisfaisante», s’est
réjoui Dr Marie-Thérèse Vane, directrice général de la CNSS du Gabon, lors d’une
conférence de presse du 17 septembre 2010 tenue à Tunis.
Qualité des prestations…
A la suite de cette expérience, un conseil médical a été dépêché en juillet 2010
pour évaluer le système sanitaire et l’environnement médical de la Tunisie, qui
a émis un rapport satisfaisant, selon Dr Vane. «J’ai donc décidé d’effectuer une
visite de travail afin d’établir une coopération efficiente avec les autorités
de tutelle tunisiennes et identifier sur place les pistes de partenariat»,
ajoute-t-elle. Au cours de son séjour tunisien, elle a eu des entretiens avec le
directeur général de la CNSS, celui de la
CNRPS et le coordinateur des affaires
africaines auprès du ministère des Affaires étrangères.
Les axes de coopération porte sur la réforme que la
CNSS du Gabon entreprend
actuellement dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. «On a besoin de
l’expérience de pays plus avancés que nous dans ce domaine. Par exemple, nous
entamons la gestion des comptes indépendants. Une chose que nous n’avons pas
faite auparavant. La Tunisie nous devance dans cette démarche et son expérience
nous sera très utile», a affirmé Dr Vane.
Obstacles techniques…
Du côté de la SMEDI, il s’agit d’un partenariat qui consolide sa présence sur le
marché africain. Créée en 2007, cette société exportatrice de services de santé
tunisiens à capitaux internationaux attire plus de 600 patients par an vers la
Tunisie, qui dépensent plus de 8 millions d’euros (plus de 15 millions de
dinars), en soin et en divers achats et en dépense de séjour. Elle est présente
au Tchad où elle a une représentation permanente. Elle a également signé une
convention avec l’Etat tchadien pour l’évacuation de ses patients ainsi qu’avec
les 15 plus grandes entreprises tchadiennes. Au Gabon, elle a également une
représentation permanente et elle a réussi à évacuer, depuis mars 2010, une
cinquantaine de patients en Tunisie. Une maison médicale de 12 lits a été
également aménagée pour accueillir les malades.
Mais si ce partenariat est aussi fructueux, certains obstacles persistent. Le
premier est l’absence d’une ligne aérienne directe Libreville–Tunis. Selon M.
Ghazi Mejbri, responsable de SMEDI, les patients sont obligés de faire des
escales à Paris (France) ou à Franckfort (Allemagne) pour pouvoir ensuite
décoller pour Tunis.
Le second obstacle est l’octroi de visa. Les formalités de visa se font à
l’arrivée à l’aéroport de Tunis-Carthage. Ajoutons à cela que le visa ne dure
qu’une semaine renouvelable, soit des charges supplémentaires pour les malades.
Dr Vane a indiqué que récemment une patiente en état d’urgence a été évacuée
pour la France. «Dans certains cas urgents, on est contraint de choisir la
France même si ça nous coûte plus cher. Ce genre de patients ne peuvent pas
endurer un long voyage», souligne-t-elle. Une situation qui devrait être prise
en compte par les autorités concernées surtout que la Tunisie, en matière de
santé, devient de plus en plus une destination de choix pour plusieurs pays de
l’afrique subsaharienne.