En Italie, Profumo pourrait démissionner de la direction d’UniCredit après le “clash” sur la Libye

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à Milna le 6 septembre 2010. (Photo : Giuseppe Cacace)

[21/09/2010 11:26:41] MILAN (Italie) (AFP) La banque italienne UniCredit a convoqué un conseil d’administration mardi au cours duquel le directeur général Alessandro Profumo pourrait démissionner, la tension avec les actionnaires et le président étant à son comble à cause de la montée de la Libye au capital.

Selon une source proche du dossier, M. Profumo, qui est à la tête d’UniCredit depuis 1997 et a forgé la plus grande banque d’Italie à coup d’acquisitions, pourrait présenter sa démission au cours de ce conseil qui se tiendra à 16H00 GMT à Milan.

Dans ce cas, l’intérim serait assuré par le président Dieter Rampl et les quatre vice-directeurs généraux.

“Les consultations effectuées au cours des dernières 48 heures par Rampl avec les grands actionnaires et les membres du conseil laissent entrevoir une issue inévitable avec une large majorité prête à refuser sa confiance à Profumo”, affirme mardi le quotidien économique Il Sole 24 Ore.

UniCredit s’est refusé à tout commentaire sur une éventuelle démission de M. Profumo, indiquant seulement que la réunion portait sur les “rapports avec la haute direction”.

Plusieurs noms d’éventuels successeurs du patron commençaient déjà à circuler comme celui d’Alberto Nagel (DG de Mediobanca) ou d’Enrico Cucchiani (Allianz Italie).

Cette crise a pour origine le renforcement cet été de la présence de la Libye au capital. Tripoli est désormais le premier actionnaire avec 7,5% si l’on additionne les parts de la banque centrale libyenne (4,988%) et du fonds souverain Libyan Investment Authority (2,594%).

Les fondations bancaires italiennes, actionnaires historiques d’UniCredit et relais des autorités locales, ainsi que Dieter Rampl, soutenus par les actionnaires allemands (UniCredit a fusionné en 2005 avec l’allemande HVB) ne pardonnent pas à M. Profumo de n’avoir informé personne.

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âtiment d’Unicredit à Milan en 2008. (Photo : Damien Meyer)

“Qui fait une erreur doit payer”, a lancé lundi le maire de Vérone, Flavio Tosi, dont le parti, la Ligue du Nord, veut accroître son influence au sein des banques via les fondations bancaires.

La fondation Cariverona, représentant Vérone, est le plus gros actionnaire italien d’UniCredit avec 4,6%.

Plus globalement, les actionnaires dénoncent la trop grande autonomie du manager, qui ne les consulte pas assez alors qu’ils ont accepté de recapitaliser la banque à deux reprises durant la crise.

Au printemps, une crise avait déjà éclaté à propos de la fusion des différentes entités du groupe en Italie. Le patron avait mis sa démission dans la balance avant de se faire imposer la nomination d’un responsable pour l’Italie par les fondations qui craignaient de perdre leur influence.

Certains journaux ont donc affirmé que M. Profumo avait lui même demandé aux Libyens de monter au capital afin de faire contrepoids aux fondations, ce qu’il a fermement démenti.

Le poids de Tripoli pose en outre un problème au gendarme de la Bourse et à la Banque d’Italie qui doutent de l’indépendance entre les actionnaires libyens et cherchent à savoir s’il ne faut pas considérer leurs parts comme une seule participation.

Ce qui réduirait l’influence de Tripoli, les droits de vote étant limités à 5% par actionnaire.

Mais M. Profumo a-t-il vraiment dit son dernier mot ? “Connu pour sa ténacité il est décidé à vendre cher sa peau”, note La Repubblica. Il pourrait en effet recevoir l’appui du ministre de l’Economie Giulio Tremonti, le gouvernement craignant une vacance de pouvoir à la tête de la banque.