Blanchiment : enquête contre le président de la banque du Vatican

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Des gardes suisses au Vatican, le 24 novembre 2006 (Photo : Vincenzo Pinto)

[21/09/2010 13:12:34] ROME (AFP) Le président de la banque du Vatican IOR (Institut des oeuvres religieuses), Ettore Gotti Tedeschi, fait l’objet d’une enquête du parquet de Rome pour violation d’une nouvelle loi anti-blanchiment et 23 millions d’euros du IOR ont été saisis, ont annoncé mardi les agences italiennes.

Un autre responsable de la banque fait également l’objet d’une enquête dans le cadre de cette affaire, ont-elles précisé en citant des sources judiciaires.

Le Vatican a exprimé mardi sa “perplexité” et son “étonnement” après l’annonce de cette enquête.

Les deux hommes sont soupçonnés de ne pas avoir respecté une clause d’une nouvelle législation italienne anti-blanchiment datant de 2007 (en application d’une directive européenne) rendant obligatoire la mention du mandataire de toute opération financière ainsi que son objectif et sa nature. Ils ne sont donc pas soupçonnés de blanchiment d’argent sale proprement dit, mais d’omissions concernant les sujets effectuant les opérations.

Leur mise en cause est liée à la saisie, lundi à titre préventif, de 23 millions d’euros de la IOR déposés sur un compte courant dans une agence romaine d’une autre banque (Credito Artigiano), qui devaient être transférés à hauteur de 20 millions d’euros à une banque internationale (JP Morgan Frankfurt) et trois millions à une autre banque italienne (Banca del Fucino).

En juin, le journal Repubblica avait affirmé que la banque était soupçonnée d’être impliquée dans des opérations de blanchiment d’argent et qu’une enquête avait été ouverte par le parquet de Rome.

Selon le quotidien, dix banques italiennes, dont les plus grandes comme Intesa San Paolo et UniCredit, étaient également visées par les magistrats.

L’IOR, qui gère les comptes des ordres religieux et des associations catholiques, est une structure bénéficiant du statut extraterritorial accordé à l’Etat pontifical, donc non tenue de respecter les normes financières en vigueur pour les établissements italiens.

Selon La Repubblica, la justice avait découvert que la banque gérait des comptes auprès des établissements italiens sans nom de titulaire, identifiés uniquement avec le sigle IOR. Sur un de ces comptes, découvert en 2004, “environ 180 millions d’euros ont transité en deux ans”, écrivait la Repubblica.

“L’hypothèse des enquêteurs est que des sujets ayant leur adresse fiscale en Italie utilisent l’IOR comme +paravent+ pour cacher différents délits, comme la fraude ou l’évasion fiscale”, précisait le quotidien.

Il y a environ un an, l’IOR a changé de patron avec la nomination au poste de président d’Ettore Gotti Tedeschi, représentant en Italie du groupe espagnol Santander, en remplacement d’Angelo Caloia.

M. Gotti Tedeschi, spécialiste de l’éthique de la finance, a été choisi, selon les médias, pour remettre en ordre les comptes du IOR.

L’institut avait fait la Une de la presse avec la faillite, en 1981, de la banque italienne privée Banco Ambrosiano, dont l’IOR était le principal actionnaire.

L’IOR est depuis sous la coupe d’une “Commission cardinalice de vigilance”, un groupe de cinq cardinaux nommés par le pape, qui comprend aujourd’hui l’actuel numéro deux du Vatican, le cardinal secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone, ainsi que son prédécesseur Angelo Sodano.