«Nous sommes là pour entendre vos remarques et vos observations», s’est adressé M. Mohamed Agrebi, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, aux jeunes diplômés du supérieur, venus nombreux, ce mardi 21 septembre 2010, prendre connaissance du programme de formation certifiante en langues que le ministère a démarré depuis juin dernier. Plusieurs entreprises étaient aussi représentées, en majorité des centres d’appels, venus exposer leurs besoins en formation et en compétences.
D’après les témoignages de ces entreprises, la langue est la porte d’accès au marché du travail et d’autant plus s’il s’agit d’un centre d’appels. «Il est regrettable que des diplômés ayant un Bac + 4, Bac +5 et plus, ait des lacunes dans la maîtrise de les langues française et anglaise à l’écrit et à l’oral», indique M. Ridha Ben Abdessalem, président de la Chambre syndicale des centres d’appels.
Les centres d’appels de plus en plus demandeurs…
Ce secteur, qui emploie actuellement 20.000 personnes, se développe très rapidement et devient très demandeur en compétences. Selon M. Ben Abdessalem, la formation certifiante en langues pourrait permettre aux chômeurs de longue durée d’intégrer le marché de l’emploi. Un responsable d’un centre d’appels français implanté en Tunisie en témoigne : «Le centre d’appels pourrait faire une bonne première expérience et pourquoi pas un projet de carrière. Moi-même, j’y ai débuté ma vie professionnelle en pensant quitter dès que j’accroche un emploi dans ma formation. Mais j’y ai trouvé mon projet de carrière».
Pour d’autres, la formation en langues n’est pas suffisante. Il est aussi important que le jeune diplômé adopte un projet de reconversion personnel pour s’adapter au marché de l’emploi. Ce qui suppose que la formation certifiante en langues doive être adoptée dans un cadre plus large, prenant en considération les métiers les plus demandés par les entreprises et une certaine compétence. Certaines entreprises proposent, ainsi, de prévoir des stages dans les entreprises qui seront intégrés dans la formation initiale et de faire participer les professionnels à la formation.
L’après-formation ?
Du côté des jeunes diplômés, la maîtrise des langues, essentiellement à l’oral, est le mal qui tue. «C’est vraiment un handicap pour nous», lance une jeune diplômé en informatique. Mais disons que ces lacunes relèvent essentiellement du système éducatif au niveau primaire et secondaire. Sinon, nos jeunes diplômés n’auraient pas besoin d’une formation complémentaire pour évaluer leur niveau de langues. D’un autre côté, une participante à la formation certifiante a indiqué que des stages dans les entreprises seraient un plus permettant de mieux s’intégrer aux réalités du marché de l’emploi et de ses exigences. D’autres se sont interrogés sur l’après-formation. Un responsable d’une entreprise spécialisée dans les solutions informatiques a affirmé qu’il est prêt à recruter une vingtaine de diplômés tout de suite s’ils ont les compétences nécessaires. A suivre cet exemple, ceci requiert une adhésion massive de la part du secteur privé.
Rappelons que le programme de formation certifiante en langues et en informatique a démarré en juin 2010. Il vise à former 20.000 personnes, dont 5.000 en informatique, 10.000 en langue anglaise et 5.000 en langue française et autres (italienne, espagnole, allemande). Selon M. Imed Turki, directeur général de la planification et de la programmation au ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, 6.000 diplômés du supérieur se sont inscrits pour ce programme dans les bureaux de l’emploi, depuis le démarrage du programme, dont une partie poursuit actuellement le programme.
Il est à noter que la formation en langues est effectuée en collaboration avec Amideast, le centre culturel italien, le Goethe Institute et le centre culturel espagnol. Elle est assurée par des enseignants de l’enseignement supérieur et de l’enseignement secondaire, mais aussi des formateurs des centres sus-indiqués. Il reste faut cependant s’interroger sur les répercussions réelles de cette formation sur l’employabilité des diplômés du supérieur et surtout les chômeurs de longue durée. Ceci dépend, bien sûr, de la volonté des entreprises mais aussi de la réactivité des autorités concernées pour leur faciliter leur intégration au marché de l’emploi en concertation avec les professionnels.