Continuer à jouer son rôle de prédilection d’agitateur d’idées, Formapro s’est cette fois associé, l’espace d’un séminaire, à Axis Capital pour inviter les opérateurs économiques à une réflexion sur les préalables, les processus et les facteurs de succès de fusions-acquisitions. Un exercice qui a tourné au cours magistral théorique –dispensé par Professeur Eric Pichet- en raison de l’indigence du vécu tunisien en matière de fusions-acquisitions.
En effet, rares sont les opérateurs tunisiens qui s’y sont livrés. Des fusions entre entreprises d’un même groupe –pour des raisons d’efficience, et de gains- on en a vu. Par exemple, Ulysse Trading and Industrial Companies (UTIC), le groupe fondé par Taoufik Chaïbi et aujourd’hui dirigé par son fils Nabil, vient de décider la fusion par absorption de la Société Ulysse Développement et Participations par la Société Ulysse Financing Company, dont le capital vient en conséquence de passer –par le biais de la création de 184.203 actions nouvelles d’une valeur de 10 dinars chacune à distribuer aux anciens actionnaires de l’entreprise absorbée- de 8,9 millions à 10,742 030 millions de dinars.
En outre, le groupe Manufacture des Produits Chimiques a récemment fait procéder à l’absorption de deux de ses sociétés -Skyprocess et Smartsoft-, par une troisième, Standard Sharing Software (3S).
Les vraies fusions-acquisitions sont, elles, beaucoup plus rares sous le ciel tunisien. «Tout simplement parce qu’en Tunisie le vendeur d’une entreprise tend à considérer cet acte, à tort, comme la preuve de son échec», explique un intervenant. L’une des rares et vraies fusions-acquisitions réalisées en Tunisie est à mettre à l’actif de deux hommes d’affaires qui ont pu et su surmonter tous les a priori et les divers obstacles –dont l’égo- pour aller de l’avant : Tarek Chérif et Saad Haj Khélifa qui, en janvier 2008, ont fait fusionner Prokim Industrie et Manufacture des Produits Chimiques (MPC), donnant ainsi naissance au n°2 de l’industrie chimique en Afrique.
Mais si ce genre d’opérations, ainsi que les introductions en Bourse sont si rares chez nous, c’est aussi en raison de la jeunesse de l’économie tunisienne –qui «était encore publique dans les années soixante», rappelle Ahmed Benghazzi. Mais, selon le directeur général d’Axis Capital, les choses sont en train de changer. «Nous sommes dans une économie d’endettement dominée par les banques, où les capitaux longs et l’apport en fonds propres externes encore limités, le private equity encore marginal, la levée de fonds par appel public à l’épargne encore faible –250 millions de dinars par an- mais est en train de croître fortement. Bref, l’économie tunisienne est en évolution et les entreprises se développent avec l’économie», souligne Ahmed Benghazzi.
Mais les fusions-acquisitions ne sont pas légion en Tunisie parce que l’exercice n’est pas aisé, fait remarquer Professeur Eric Pichet. D’après cet enseignant à la Bordeaux Management School et à la Reims Management School, une fusion-acquisition expose à sept risques auxquels il faut trouver une parade : faiblesse de la réflexion stratégique préalablement à l’acquisition, manque de ressources et de compétences rompues à cet exercice, éloignement des métiers des entreprises concernées, risque macroéconomique (acheter au mauvais moment), mauvaise évaluation, environnement réglementaire défavorable et, enfin, difficultés d’intégration de l’entreprise-cible.
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