L’économie cale en Irlande, où les nuages s’accumulent

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à Dublin

[23/09/2010 14:46:05] DUBLIN (AFP) L’Irlande a engrangé jeudi une mauvaise nouvelle supplémentaire avec l’annonce d’une contraction totalement inattendue de son économie au deuxième trimestre, relançant les inquiétudes des marchés et du reste de la zone euro sur la solvabilité du pays.

Le produit intérieur brut (PIB) irlandais, qui avait renoué avec la croissance en début d’année après une grave récession, s’est contracté de 1,2% par rapport au trimestre précédent, et de 1,8% sur un an, selon des statistiques officielles.

L’Irlande n’a cependant pas encore replongé techniquement dans la récession, définie par deux trimestres consécutifs de recul du PIB.

La contraction au printemps de l’économie irlandaise est une grosse surprise pour les économistes, qui tablaient en général sur une croissance de 1% sur le trimestre.

Elle a relancé aussitôt les craintes sur la solidité à long terme des finances publiques du pays, en proie à un déficit colossal en raison des difficultés persistantes de ses banques, qui contraignent l’Etat à les renflouer à grand frais.

La sanction des investisseurs a d’ailleurs été immédiate : l’écart entre les taux d’intérêt des emprunts d’Etat irlandais à 10 ans et ceux de l’Allemagne, baromètre de l’inquiétude des marchés, s’est propulsé à un nouveau sommet depuis l’entrée de l’Irlande dans la zone euro.

La contraction de l’économie irlandaise risque de creuser encore plus le déficit, en comprimant les recettes fiscales et sociales. Elle entrave également le rétablissement du marché du travail, essentiel pour ramener le budget de l’Etat à l’équilibre, le chômage battant des records.

En début de semaine, le gouverneur de la Banque centrale d’Irlande, Patrick Honohan, avait prévenu que le gouvernement devrait amplifier ses mesures d’austérité en cas d’affaiblissement de la reprise s’il voulait tenir sa promesse de ramener le déficit public sous 3% du PIB en 2014 (contre 14,3% l’an dernier, taux le plus élevé de toute la zone euro).

Les chiffres de jeudi “sont vraiment terribles, et tombent au pire moment pour l’Irlande”, a commenté David Morrison, analyste chez GFT.

“Ils ont certainement exacerbé la nervosité des investisseurs”, a renchéri Giles Watts, de City Index. “Malgré les protestations des responsables irlandais, il y a de quoi s’inquiéter pour la dette souveraine de l’Irlande, et plus généralement pour la santé de la reprise économique en Europe”.

Le ministre des Finances, Brian Lenihan, a cherché à relativiser cette déconvenue, affirmant que les chiffres du PIB montraient “une tendance à la stabilisation et non que l’économie se dirige à nouveau vers la récession”.

M. Lenihan, qui prépare un nouveau plan d’économies d’au moins 3 milliards d’euros pour le budget 2011 annoncé début décembre, a reconnu que la faiblesse de l’économie lançait de “sérieux défis”. Mais il a exclu de renoncer à l’objectif de ramener le déficit dans les clous du traité de Maastricht en 2014.

“Si nous abandonnons cet objectif, nous perdrons notre crédibilité, et nous ne serons plus en mesure de nous financer” sur le marché obligataire, les investisseurs risquant d’exiger des taux d’intérêt prohibitifs, a-t-il expliqué.

De son côté, le commissaire européen aux affaires économiques Olli Rehn à réaffirmé à Berlin avoir “pleine confiance dans le gouvernement irlandais pour achever l’assainissement des finances” publiques et respecter ses objectifs budgétaires.