Le ministre de l’Education nationale s’est prêté mardi dernier (21 septembre 2010) à l’exercice des questions/réponses que des milliers de familles tunisiennes attendaient patiemment depuis la rentrée du 15 septembre, et ce qui l’a accompagné de cacophonie sur plusieurs aspects de la vie scolaires des nos enfants. Les réponses apportées par le ministre ont certainement éclairé plusieurs côtés en questions mais il n’en demeure pas moins vrai que vu la complexité de la vie scolaire, d’autres aspects demeurent en suspens.
Le temps scolaire et le contenu des programmes de l’école de base ont été abordés par le ministre qui a reconnu que ce dossier est un dossier complexe et que son département se penche sérieusement sur les réformes à apporter en passant par les consultations nécessaires avec les autres composantes de la société.
Nous voulons ici aborder un aspect particulier du contenu des programmes des écoles primaires (de la 1ère à la 6ème année) qui peut illustrer ce besoin est le labyrinthe dans lequel certaines réformes nous ont conduits avec des conséquences manifestement néfastes sur la formation de nos enfants.
Dans l’emploi du temps de nos enfants, il est prévu, sur les 6 années du primaire, d’enseigner 4 matières, à savoir la musique, les arts, le sport et la technologie (sic !)… à raison d’1 heure hebdomadaire pour chaque matière. Le but est certes louable en principe, puisque de cette façon, on prépare plus le mental des enfants à l’acquisition des autres savoirs plus scientifiques et on aménage, du coup, un temps spécial pour la détente et la culture. D’ailleurs, au début de la mise en place de ces programmes, on a prévu même de le grouper les mercredis et de créer ainsi la fameuse «journée sans cartables» destinée à couper la semaine et à mieux dispatcher le reste des programmes.
Poussant un peu l’esprit novateur, on a même décidé que ses matières ne seraient pas notées et ne seraient pas ainsi comptabilisées dans le calcul des notes de l’élève. C’était sans compter l’importance des résistances qui sont tout de suite apparues que ce soit du côté des parents ou de celui des enseignants pour des raisons différentes bien sûr.
Alors, on a vite fait d’oublier la journée sans cartable, et les enseignants ont dû intégrer illico presto les notes de ces «éducations» de différentes natures dans leurs calculs des moyennes des élèves. Donc, nous avons aujourd’hui un emploi du temps que le ministre a, lui-même, qualifié d’exorbitant, où nos petits se coltinent 4 heures de cours chaque semaine (4 heurs sur 22 pour la 1ère et la 2ème et 4 heures sur 24 heures et plus pour les autres classes).
Ces cours sont enseignés, façon de parler, par des enseignants qui ne sont pas des spécialistes (nous n’avons pas en Tunisie le système qui permet de faire appel à des spécialistes d’enseigner en primaire et même en secondaire sans être des enseignants permanents, des spécialistes qu’on appelle, en France par exemple, les «intervenants extérieurs»). Même les formations qu’on dispense à ses enseignants ne sont pas de nature à leur permettre sérieusement d’enseigner des matières ardues.
On se retrouve alors avec le quart de l’emploi du temps hebdomadaire ou presque consacré à des matières qui, somme toute, ne sont pas de nature primordiale dans les fonctions de l’école primaire reconnues à travers le monde, à savoir apprendre à lire, à écrire et à compter. Et on se pose après beaucoup de questions : pourquoi le niveau baisse en langue ou en maths ? Pourquoi nos enfants ont une surcharge de cours et des livres et des cahiers ? Pourquoi on enseigne soi-disant l’éducation physique dans des écoles où majoritairement il n’y a pas de terrain de sport et où l’enseignant est obligé de le faire dans la salle de classe ?
La réforme souhaitée du temps scolaire passe par ce genre d’aspects que beaucoup d’intervenants dans le débat public –nécessaire- ignorent malheureusement !