énéral du FMI, Dominique Strauss-Kahn, le 12 juillet 2010 en Corée du Sud. (Photo : Kim Jae-Hwan) |
[24/09/2010 07:47:09] WASHINGTON (AFP) Alors que les critiques se multiplient dans le monde pour dénoncer la généreuse représentation des Européens au Fonds monétaire international, les pays du Vieux Continent renâclent à abandonner leurs prérogatives sans rien obtenir en échange.
L’affaire est partie en août du refus des Etats-Unis de reconduire un conseil d’administration où l’Europe contrôle aujourd’hui 9 des 24 sièges.
“Les Etats-Unis considèrent le FMI comme trop eurocentrique”, écrivait jeudi le Washington Post, résumant en une formule choc une position que Washington n’a pas exprimé de cette manière en public.
Cet article, comme d’autres parus ces dernières semaines dans la presse internationale, cite des administrateurs européens non identifiés qui déplorent l’empressement soudain des Etats-Unis à bousculer l’ordre établi.
Les Américains avaient pourtant prévenu.
“Nous sommes en faveur d’une réduction de la taille du conseil, qui préserve le nombre actuel de sièges pour les pays émergents et en développement”, disait le secrétaire au Trésor Timothy Geithner dès avril. En clair, il voulait moins d’Européens autour de la table de la plus haute instance de décision du Fonds.
Fin juin, le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn confiait qu’il partageait cet objectif.
Vu du Sri Lanka, de la Mongolie ou d’Haïti, pays qui ont appelé le FMI à l’aide, il est difficile de comprendre pourquoi en 2010 il faut aller convaincre un Belge et un Néerlandais, un Italien, un Espagnol et un Danois, qu’on est dans le besoin.
Faute d’être entendus, les Etats-Unis ont lancé leur coup de poker au beau milieu de l’été: ils bloquent la résolution qui devait permettre de maintenir 24 sièges, alors que les statuts en prévoient 20.
Si aucun accord n’est trouvé, au 1er novembre quatre sièges disparaîtront: celui du Brésil, de l’Inde, de l’Argentine et du Rwanda. Déjà flagrante, la surreprésentation des Européens deviendrait absurde.
La représentation au FMI a été à l’ordre du jour d’une réunion de ministres des Finances de l’UE à Bruxelles les 6 et 7 septembre. D’après leur communiqué, ils en ont “discuté”, sans résultat tangible.
Ils se refusent obstinément à des concessions sans contrepartie.
L’unique déclaration publique d’un dirigeant de l’UE sur le sujet a été une petite phrase de l’Allemand Wolfgang Schäuble dans le Financial Times le 14 septembre: “Nous devrions examiner la possibilité d’abaisser la majorité qualifiée pour les décisions les plus importantes du FMI de sorte à ce qu’à l’avenir, nous puissions nous passer d’une minorité de blocage d’un seul pays ou d’un très petit groupe de pays”.
Une allusion aux Etats-Unis, seul membre sans lequel rien ne peut se faire au FMI: alors qu’ils contrôlent 16,7% des droits de vote, la majorité requise pour débloquer un prêt, pour modifier le fonctionnement, etc., est de 85%. Il suffit donc que Washington vote non pour qu’une motion soit repoussée.
Mais les Etats-Unis ne sont pas prêts à renoncer à cet avantage. La redistribution des sièges “ne remet pas en question le droit de veto américain”, notait le 15 septembre au Sénat une assistante au secrétaire au Trésor, Marisa Lago.
Les Européens ont aussi lancé des appels discrets à la Chine pour qu’en échange d’une meilleure représentation, elle cesse d’avoir une monnaie “sous-évaluée” selon les termes du FMI. Mais Pékin fait la sourde oreille.
Le Brésil paraît de plus en plus sûr de faire les frais de ces positions inconciliables. “Les Européens traîneront les pieds. Mais ils ne devraient pas avoir le droit de bloquer les changements”, écrit dans le Financial Times son représentant au conseil d’administration, Paulo Nogueira Batista.