Japon : l’excédent commercial fond en août, craintes sur la reprise et le yen

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à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[27/09/2010 05:40:12] TOKYO (AFP) L’excédent commercial du Japon a fondu de 37,5% en août par rapport à l’an passé, à 103,2 milliards de yens (913 millions d’euros), le ralentissement de la reprise mondiale et la cherté du yen nuisant aux exportations de l’archipel.

C’est la première fois en 15 mois que ce bénéfice se réduit, selon ces données publiées lundi par le ministère des Finances. Les économistes s’attendaient en moyenne à un profit deux fois plus élevé.

“La chute de l’excédent commercial montre que la reprise de l’économie mondiale est en train de ralentir”, a jugé Yuji Shimanaka, économiste à Mitsubishi UFJ Morgan Stanley Securities.

Les exportations du Japon ont progressé de 15,8% sur un an, à 5.224,1 milliards de yens (46,2 milliards d’euros), leur augmentation la plus faible depuis le début de l’année. La progression des ventes d’automobiles (+15,5%) et de semi-conducteurs (+11,7%), moteur des livraisons nippones ces derniers mois, a freiné.

Les ventes ont grimpé notamment vers les pays asiatiques (+18,6%), dont la Chine, mais de façon moins rapide qu’auparavant. Elles ont crû de seulement 8,2% vers l’Amérique du Nord et de 13,8% vers l’Europe occidentale.

S’il se confirme, ce ralentissement de la hausse des exportations serait une très mauvaise nouvelle pour l’archipel dont l’économie, fortement touchée par la récession en 2008-2009, a redémarré depuis dix-huit mois grâce à la vigueur des ventes à l’étranger.

“Les exportateurs sont menacés par la rapide montée du yen”, a précisé M. Shimanaka.

Le yen flirte ces dernières semaines avec son plus haut niveau en 15 ans face au dollar et le gouvernement japonais est intervenu directement sur le marché des changes le 15 septembre, une première depuis six ans et demi, pour vendre en masse des yens afin d’en faire chuter le cours.

La devise nippone reste toutefois à un niveau élevé, ce qui réduit la compétitivité des firmes japonaises à l’étranger et réduit la valeur de leurs profits rapatriés dans l’archipel.

Les importations nippones ont crû de 17,9% à 5.120,9 milliards de yens (45,3 milliards d’euros), soit plus vite que les exportations par rapport au mois d’août de l’an passé.

Les achats de fer ont presque doublé, ceux de métaux non ferreux et de gaz naturel liquéfié ont grimpé de moitié, les commandes de viandes ont augmenté d’un quart.

Les produits des pays émergents se sont très bien écoulés, notamment ceux venant d’Inde (+97,6%), de Russie (+88,3%), d’Afrique du Sud (+72,2%) et du Brésil (+67,6%).

Les importations de Chine, le premier partenaire commercial du Japon, ont augmenté de 20% mais, selon M. Shimanaka, les échanges avec la Chine pourraient souffrir des récentes tensions bilatérales.

Les deux pays connaissent leur pire crise diplomatique en quatre ans depuis l’arraisonnement, le 7 septembre, d’un chalutier chinois par les garde-côtes japonais près d’îlots de mer de Chine orientale revendiqués des deux côtés.

Parmi diverses mesures de rétorsion contre le Japon, la Chine est soupçonnée d’avoir bloqué ses exportations de “terres rares”, des ressources minérales stratégiques notamment pour les secteurs de l’électronique et de l’automobile.

Selon le quotidien japonais Yomiuri Shimbun, les douanes chinoises ont en outre renforcé leurs inspections sur les marchandises nippones à l’importation comme à l’exportation, provoquant un allongement des délais de transit.